«Changer des lois […] pour isoler une minorité constitue un précédent dangereux», a déclaré le président pakistanais, au sujet de la loi sur le séparatisme. Paris a fait part de sa «surprise» et de sa «désapprobation» face à ces propos. Le ministère français des Affaires étrangères a convoqué le 22 février 2021 le chargé d’affaires de l’ambassade du Pakistan et appelé Islamabad à une «attitude constructive» après des propos tenus par le président pakistanais à l’encontre d’un projet de loi visant l’islam radical. Arif Alvi, le chef de l’Etat asiatique, a jugé le 20 février que le projet de loi «confortant le respect des principes de la République» adopté par les députés français le 16 février en première lecture portait atteinte aux musulmans.
«Nous avons marqué notre surprise et notre désapprobation, alors que le projet de loi ne comporte aucune disposition discriminatoire, conformément à notre Constitution et à nos engagements internationaux», a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères. «Il est guidé par les principes fondamentaux de liberté de culte et de liberté de conscience, ne fait aucune distinction entre les différentes religions et ses dispositions s’appliqueront donc également à tous les cultes. Le Pakistan doit le comprendre et adopter une attitude constructive pour nos relations bilatérales», a ajouté Agnès von der Mühll. Le texte, voulu par le président Emmanuel Macron, a en ligne de mire l’entrisme d’éléments jugés radicaux. Il crée un délit de séparatisme, renforce le contrôle des associations culturelles et cultuelles et durcit les règles de l’instruction à domicile. Mais le sujet est sensible dans un pays où la place et l’organisation de l’islam constituent un sujet de crispation récurrent et qui est très marqué par une succession d’attentats djihadistes depuis le carnage en janvier 2015 au sein de la rédaction du magazine satirique Charlie Hebdo jusqu’à la récente décapitation en octobre d’un enseignant, Samuel Paty. Le torchon brule entre Islamabad et Paris Le président pakistanais s’est inquiété de risques de stigmatisation à l’encontre des musulmans. «Changer des lois […] pour isoler une minorité constitue un précédent dangereux», a-t-il déclaré, «exhortant» les autorités françaises à ne pas permettre de telles «régressions». Le Pakistan a été le théâtre de manifestations anti-françaises, souvent houleuses, après la republication en septembre des caricatures du prophète Mahomet par Charlie Hebdo. Le ministère français des Affaires étrangères avait déjà fermement condamné en novembre les propos «détestables et mensongers» d’une ministre pakistanaise au sujet du président Macron et de ses rapports avec la population musulmane en France. La ministre pakistanaise des droits de l’homme, Shireen Mazari, avait affirmé dans un tweet que «Macron fait aux musulmans ce que les nazis infligeaient aux Juifs».