Rabat – La tension et la résignation se sont emparées de la station de louage de Sfax, en Tunisie, qui est devenue un point d’effroi pour de nombreux migrants d’Afrique subsaharienne. Les migrants qui ont enduré des voyages ardus et dangereux pour atteindre la Tunisie fuient maintenant la ville côtière, craignant pour leur vie après une altercation mortelle avec un résident local.
Malgré une nette augmentation, le nombre exact de migrants africains sans papiers en Tunisie, en particulier à Sfax, reste incertain.
La mort d’un habitant au cours d’affrontements entre résidents locaux et migrants africains a ravivé des tensions de longue date dans la région, des témoins décrivant la situation comme ressemblant à une “guerre civile”.
En réponse à ce meurtre, trois hommes originaires du Cameroun ont été arrêtés et 34 autres ont été placés en détention pour entrée illégale dans le pays. Toutefois, ces actions n’ont guère contribué à apaiser les tensions à Sfax.
Pendant la nuit, de nombreux migrants ont été rassemblés et emmenés en bus à la frontière militarisée entre la Tunisie et la Libye, où ils ont dû endurer une chaleur torride dans l’attente d’une solution à leur situation.
Parmi eux, Mohammed, originaire de Sierra Leone, a raconté à Al Jazeera les violences qu’il a subies, tant en Libye qu’à Sfax, et a exprimé son désir de se rendre en Europe si on lui en donnait l’occasion.
L’histoire de Mohammed n’est pas unique, car elle fait écho aux expériences de nombreux autres migrants africains sans papiers vivant dans les rues de Tunisie.
Si leur présence a été une bouée de sauvetage pour certains Tunisiens confrontés à des difficultés économiques, leur offrant une opportunité de gain financier, certains ont exprimé leur “méfiance” à leur égard, en particulier dans le contexte de la détérioration des conditions économiques dans le pays.
À Sfax, des habitants du littoral ont profité du désespoir des migrants subsahariens en construisant de petites embarcations pour les transporter vers l’Europe, leur faisant payer environ 3000 dinars tunisiens par passager.
Ces constructeurs de bateaux ont trouvé des débouchés lucratifs. Cependant, les passagers eux-mêmes courent de grands risques, car ils dépendent d’un seul migrant aux connaissances limitées en matière de navigation, de canots de sauvetage de fortune fabriqués à partir de pneus de voiture, et parfois d’un carburant dilué.
Il est fréquent que des migrants clandestins disparaissent ou meurent en mer au cours de ces voyages, et qu’ils soient expulsés ou maltraités par les autorités européennes lorsqu’ils sont retrouvés.
Les pays d’Afrique du Nord tels que le Maroc et la Tunisie sont des destinations populaires pour les migrants d’Afrique subsaharienne en raison de leur proximité avec des pays européens tels que l’Espagne et l’Italie.