Rabat – Depuis que la France a décidé l’année dernière de réduire le nombre de visas accordés aux citoyens marocains, les Marocains ont critiqué la mesure du pays européen, beaucoup décrivant la politique française en matière de visas comme un “mur” destiné à séparer les familles.
Dans un fil de discussion sur Twitter, une Marocaine vivant en France a exprimé sa frustration face à cette décision, racontant comment le consulat français au Maroc a rejeté un visa de visite familiale pour que sa mère et sa grand-mère puissent assister au mariage de son frère à Paris. “Ce refus ruine l’événement d’une vie”, a-t-elle déclaré.
Frustrée par le rejet injustifié du visa, la femme a déclaré qu’elle avait fourni tous les documents nécessaires, notamment les invitations au mariage, les lettres de bienvenue, l’assurance et les billets non remboursables. Elle a ajouté qu’elle avait fourni des preuves de soutien de sa part, de celle de son mari et de son frère, qui sont tous “à l’aise financièrement”.
Cependant, les demandes de visa de sa mère et de sa grand-mère ont été rejetées au motif qu’elles n’avaient pas “la preuve de moyens de subsistance suffisants”, a ajouté la femme, en joignant à son tweet la réponse du ministère français de l’immigration.
S’insurgeant contre ce qu’elle décrit comme un rejet incompréhensible, elle a souligné que sa mère et sa grand-mère sont toutes deux d’origine française, “un statut qui leur donne le droit de venir rendre visite à leur famille en France encore plus facilement.”
La Marocaine a indiqué qu’elle et sa famille ont fait appel du refus de visa auprès du consulat français au Maroc. “Nous espérons sincèrement recevoir une réponse et être autorisés à vivre ce moment [le mariage] ensemble”, a-t-elle déclaré.
Un soutien éclatant
Les tweets ont déclenché des réponses de Marocains qui ont vécu la même expérience et dont les demandes de visa ont été rejetées de manière “injustifiée”. Un utilisateur de Twitter a déclaré : “Même situation pour moi pour une opération très risquée sur un petit-fils qu’elle [la grand-mère] n’a pas vu depuis 4 ans”.
Cécile Duflot, ancienne ministre française de l’aménagement du territoire, a répondu aux tweets de la Marocaine, exhortant l’ambassade de France au Maroc à intervenir pour permettre à la famille de se réunir et d’assister au mariage de leur parent.
Le sénateur français Yan Chantrel a également pris la parole sur Twitter pour dénoncer les “conséquences injustes de la décision arbitraire du gouvernement français de réduire drastiquement le [nombre de] visas” accordés aux Marocains, Algériens et Tunisiens. Chantrel a joint à son tweet une lettre qu’il avait écrite pour alerter le président français Emmanuel Macron à ce sujet.
En septembre 2021, la France a décidé de réduire de moitié le nombre de visas délivrés aux citoyens marocains, tunisiens et algériens. Cette mesure a été prise en réponse à ce que le pays européen a perçu comme le refus des trois pays du Maghreb de faciliter le retour de ses citoyens vivant en France de manière irrégulière.
Qualifiant cette mesure d'”injustifiée”, le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, a déclaré que le pays d’Afrique du Nord “a toujours traité la question de la migration et de la circulation des personnes avec beaucoup de responsabilité et d’équilibre.”
En outre, l’Association marocaine des exportateurs (ASMEX) a déclaré l’année dernière que la décision de la France pourrait avoir un impact négatif sur les exportations étrangères du Maroc car elle “durcit les procédures d’obtention de visas pour les chauffeurs marocains” qui assurent le transport vers l’Europe.
Un rapport récemment publié sur les statistiques des visas Schengen a indiqué qu’en 2021, la France avait le deuxième taux de rejet le plus élevé des demandes de visa soumises par des demandeurs de pays du tiers-monde. Le pays européen a rejeté 21,1% des demandes qu’il a reçues, précise le rapport.