Rabat – Dix-sept membres du Parlement européen ont renouvelé leurs profondes inquiétudes quant au soutien croissant de l’Algérie à la Russie.
Dans une lettre adressée au vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell, et à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, les députés se disent “profondément préoccupés” par les liens “toujours plus étroits” entre la Russie et l’Algérie dans le contexte de la crise ukrainienne.
La lettre fait également part de l'”étonnement” des députés européens face à la décision de l’Algérie de s’abstenir de voter les résolutions de l’ONU condamnant les actes de guerre de la Russie en Ukraine.
“L’Algérie a rejoint la Syrie et 23 autres membres dans un vote contre l’exclusion de la Russie du Conseil des droits de l’homme de l’ONU”, a averti l’eurodéputé, soulignant que cette décision reflète le “soutien de l’Algérie aux aspirations géopolitiques de Moscou.”
Rappelant la forte alliance entre Alger et Moscou, la lettre a en outre condamné l’implication de l’Algérie dans ses dépenses extravagantes en armes russes, rappelant que le régime algérien est “parmi les quatre premiers acheteurs d’armes russes dans le monde, culminant avec un contrat d’armement de plus de 7 milliards d’euros en 2021.”
La lettre mettait en garde contre le fait que ces dépenses ne feraient que “renforcer la machine de guerre de la Russie en Ukraine.”
Les membres du Congrès américain ont exprimé des préoccupations similaires en septembre, lorsque 27 membres de la Chambre ont demandé une action “immédiate” pour sanctionner le gouvernement algérien pour son achat d’armes russes.
Deux poids, deux mesures
La déclaration condamne également la politique de deux poids deux mesures du régime algérien, rappelant la décision de l’Algérie de s’abstenir de voter sur une résolution qui condamnait les tentatives d’annexion de régions ukrainiennes par la Russie en octobre.
“L’Algérie s’est abstenue de voter sur cette résolution, ce qui est étonnant compte tenu du fait que l’Algérie a toujours essayé de se conformer au droit international et qu’elle respecte la souveraineté des nations. Cependant, il semble qu’il ne s’agisse que de deux poids deux mesures algériens”, peut-on lire dans la lettre.
Les signataires de la lettre sont Andrius Kubilius de Lituanie, Karen Melchior du Danemark, Tomasz Frankowski de Pologne, Alexander Yordanov de Bulgarie et Teuvo Hakkarainen de Finlande.
L’Algérie a souvent été liée à des ingérences dans les affaires intérieures d’autres pays, notamment la Libye et le Maroc.
En avril, des parlementaires libyens de la Chambre des représentants libyenne, basée à Tobrouk, ont accusé l’Algérie d'”ingérence dans les affaires souveraines de la Libye”.
“Les actions de l’Algérie nient l’autonomie de nos représentants élus, et menacent l’unité interne de la Libye elle-même”, a déclaré le parlementaire Yusuf al-Akouri.
Outre la Libye, le régime algérien remet également en question l’intégrité territoriale et la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
Le régime algérien accueille, finance, arme et entraîne le Front Polisario, un groupe séparatiste qui revendique l’indépendance du Sahara occidental.
Le gouvernement marocain a dénoncé le double langage de l’Algérie à différentes occasions devant la communauté internationale.
En mai, l’ambassadeur permanent du Maroc auprès de l’ONU, Omar Hilale, a ridiculisé l’Algérie pour son double langage, en disant : “Vous demandez l’autodétermination pour les 20 000 personnes que vous enlevez dans les camps de Tindouf, mais vous la refusez à un peuple de 12 millions d’habitants.”