Des figures du hirak, dont des avocats et des opposants, ont de nouveau dénoncé, hier à Alger, la répression accrue des manifestations du hirak ainsi que les atteintes aux droits de l’homme, à la veille de la tenue des élections législatives du 12 juin, rejetées en bloc par l’opposition démocratique et le hirak.
«Comment ose-t-on parler des élections dans un climat marqué par des atteintes aux libertés fondamentales ? Des partis politiques et des associations se trouvent dans le collimateur du régime qui a pris en otage le peuple algérien», s’est indignée Me Nabila Smail, membre du collectif de défense des détenus d’opinion, lors d’une conférence de presse organisée au siège du MDS.
L’avocate a accusé le régime en place d’avoir exploiter des institutions de l’Etat (police et justice) dans la répression du hirak, et afin de garantir sa propre «survie». «A travers ses pratiques, le régime ne fait que renforcer la détermination du peuple en vue d’arracher ses revendications (…). Avons-nous le droit de céder à la peur et la folie du régime ?» s’est-elle interrogée, appelant à l’unité dans les rangs du hirak afin d’instaurer un Etat démocratique.
Pour sa part, Me Abdelghani Badi s’est insurgé contre les atteintes aux libertés fondamentales et «la diabolisation» des partisans du hirak. «Le régime nous mène droit dans le mur ! Il est en train de remettre en cause les acquis démocratiques de 1988 et ceux du hirak. Il est hors de question de se taire face à telles dérives», a fustigé l’avocat, activement impliqué dans la défense des détenus d’opinion.
Outre les arrestations et les condamnations «arbitraires» des hirakistes, il a cité les menaces de dissolution qui pèsent sur des partis politiques et des associations proches du hirak. «Le système en place cherche à tout prix à terroriser les Algériens afin d’imposer un agenda électoral de manière unilatérale et totalitaire», a-t-il dénoncé. L’orateur s’en est aussi pris à ceux qui participent aux législatives, alors que plus de 200 personnes croupissent dans les prisons algériennes pour des faits liés au hirak et aux libertés individuelles.
De son côté, Me Mustapha Bouchachi n’a pas caché son indignation suite à l’intensification de la répression du hirak «Depuis que j’exerce comme avocat, je n’ai jamais constaté autant de cas d’atteinte aux droits et des libertés, contraires à la Constitution. Nous enregistrons une répression sans précédent du hirak. On est arrivé un point où l’on arrête arbitrairement des gens en pleine rue. Environ 214 personnes sont empoisonnées pour avoir participé aux manifestations du hirak», a fustigé l’ancien président de la LADDH.
Selon lui, le régime politique veut à tout prix «semer la peur parmi les Algériens en vue de confisquer leur rêve d’indépendance» et faire passer sa «mascarade électorale». «Un régime qui terrorise le peuple ne pourra pas gagner grâce à la prise de conscience des citoyens», a-t-il lancé, relevant que les prochaines législatives risquent «d’aggraver» la crise politique et «porter atteinte à l’unité nationale». Me Bouchachi a appelé à une mobilisation de la classe politique et de la société civile afin de débattre sur une plateforme politique qui garantira une «transition démocratique».
La présidente de l’UCP, Zoubida Assoul, s’est alarmée, quant à elle, de la dégradation de la situation des droits de l’homme. «La situation politique est grave. Le régime est passé du tout-sécuritaire au tout-répressif. Il ne cesse de violer les droits fondamentaux des Algériens, pourtant garantis par la Constitution», a-t-elle dénoncé, évoquant l’incarcération de plus de 200 hirakistes et des poursuites judiciaires contre plusieurs milliers de personnes. Suite à l’interdiction des manifestations du hirak, l’avocate a renouvelé son appel à l’union dans les rangs du mouvement de contestation en vue de créer «un rapport de force politique».