Une délégation du FFS s’est rendue hier au siège national du RCD. Composée de deux membres de l’instance présidentielle, Hakim Belahcel et Sofiane Chioukh, et du premier secrétaire, Youcef Aouchiche, cette délégation a été accueillie par le président du RCD, Mohcine Belabbas, et trois membres du secrétariat national, Ouamar Saoudi, Fetta Saddet et Atmane Mazouz.
Cette rencontre est considérée comme une première du genre depuis de longues années. Les rares réunions et tentatives de rapprochement effectuées par le FFS au cours de ces dernières années se sont faites par des directions plutôt contestées. On peut citer, dans ce sens, la rencontre en juin 2019 entre les deux directions au siège du RCD.
La délégation du FFS avait été conduite par Hakim Belahcel, alors premier secrétaire. Mais à cette époque-là, le parti était secoué par de graves dissensions internes, marquées par des violences au niveau du siège national.
Aujourd’hui, avec une nouvelle instance présidentielle et un nouveau secrétariat national, le FFS, après avoir joué la carte de l’unification de ses rangs, fait un premier pas vers un dialogue permanent et constructif avec le RCD.
Les échanges entre les deux parties ont porté sur la situation du pays et sur la situation régionale, comme l’a indiqué le premier secrétaire du FFS dans un communiqué, selon lequel «la délégation du FFS a rappelé à cette occasion la démarche politique du parti et l’initiative de convention nationale, visant à créer le cadre d’un dialogue sans exclusive avec toutes les forces politiques et sociales, afin d’aboutir à un contrat national et une solution politique consensuelle à la crise que vit le pays». M. Aouchiche a affirmé dans le même communiqué que «les deux parties ont convenu de maintenir le contact».
Au-delà de sa portée politique immédiate, cette rencontre met fin, du moins symboliquement, à des décennies de déchirures et de rivalités contreproductives entre ces deux principales forces du camp démocratique. Et selon des observateurs avisés, elle ressuscite l’espoir d’une alliance démocratique solide, dans un contexte politique délétère marqué par une crise multidimensionnelle.
Il faut dire que, depuis le début du multipartisme, le FFS et le RCD se sont constamment livrés bataille. Des tentatives de réconcilier ces deux «frères ennemis» ont fini par échouer, comme celle menée par le militant et défenseur des droits de l’homme Me Ali Yahia Abdenour, au début de la décennie passée.
A chaque événement politique ou rendez-vous électoral, ils s’arrangeaient toujours pour se retrouver dans des positions et dans des alliances opposées, bien que ce qui les unissait était plus important que ce qui les divisait. A quelques rares exceptions, les deux partis n’avaient jamais constitué d’alliance au sein des assemblées élues.
Le rapprochement actuel entre les deux partis semble à la fois dû aux mutations qu’ils ont connues durant plusieurs années ainsi qu’au contexte politique qui exige de travailler ensemble pour concrétiser l’idéal démocratique qu’ils défendent. Arriveront-ils à «avancer» ensemble pour réunifier le camp démocratique ? L’avenir nous le dira.