Le célèbre journaliste algérien Ihsane El Kadi a été condamné à trois ans de prison par le tribunal de Sidi M’Hamed à Alger, qui l’a accusé de “financement étranger de son entreprise”, a rapporté l’AFP.
El Kadi, qui possède l’un des rares groupes de presse indépendants du pays et qui critique le gouvernement, a été condamné à une peine de cinq ans, dont trois ans de prison, a décidé le tribunal dimanche.
En outre, le tribunal a prononcé la dissolution d’Interface Media, qui exploite Maghreb Emergent et Radio M, l’autre média dirigé par El Kadi. Le tribunal a imposé un certain nombre d’amendes à la société et à El Kadi lui-même, pour un montant total de 11,7 millions de dinars algériens (86 200 dollars).
Le journaliste a été arrêté pour la première fois le 24 décembre et est détenu depuis lors en vertu d’une loi sur la sécurité de l’État qui interdit de recevoir des fonds qui menacent la sécurité de l’État ou “l’unité nationale”, avait déclaré à l’époque le site d’information qu’il dirige, Maghreb Emergent.
Suite à l’arrestation du journaliste, le siège d’Interface Media a été mis sous scellés et ses documents saisis.
“Nous allons faire appel de ce jugement dans les délais requis”, a déclaré à l’AFP Me Abdelghani Badi, l’un des avocats de M. El Kadi qui a boycotté l’audience.
L’équipe de défense d’El Kadi avait rejeté les accusations de financement étranger, soulignant que le seul transfert étranger vers la société d’El Kadi avait été effectué par sa fille qui vit au Royaume-Uni et qui avait transféré 25 000 livres sterling (31 000 dollars) vers la société, dans laquelle elle est associée.
L’arrestation d’El Kadi a été condamnée par des organisations de défense des droits de l’homme telles qu’Amnesty International et par des groupes de défense des droits des journalistes tels que Reporters sans frontières et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Une pétition demandant sa libération a été signée par des milliers de personnes.
“En arrêtant le journaliste Ihsane El Kadi et en fermant Radio M et Maghreb Emergent, les autorités algériennes s’attaquent à certaines des dernières voix indépendantes du pays”, a déclaré Mansour.