Ce dimanche, les salariés comme les journalistes travaillant pour Akhbar Al Yaoum ont découvert la décision des éditeurs du quotidien de mettre fin à l’aventure, d’ici mardi prochain, pour des raisons économiques. La famille Bouachrine dénonce une asphyixie dévidée par l’Etat. Pour certains journalistes, cette fermeture recelle des failles de gestion administrative et financière.
L’entreprise éditrice du quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum, Media 21, a annoncé ce dimanche l’arrêt définitif de la publication, mettant ainsi fin à 14 ans de publication du journal. Dans un communiqué, les éditeurs expliquent leur décision après «trois ans de calvaire de cette institution médiatique, commencé avec l’arrestation de son directeur de publication, Taoufik Bouachrine, de son rédacteur en chef, le journaliste Soulaimane Raïssouni, et de la journaliste Hajar Raïssouni, en plus de Afaf Bernani».
La même source a rappelé aussi «le harcèlement continu» qui a imposé un embargo publicitaire du journal, en plus du «refus des institutions publiques de s’acquitter des cotisations financières censées permettre le fonctionnement». Les éditeurs ont critiqué notamment «la décision du gouvernement El Othmani et du ministre de la Communication de priver Akhbar Al Yaoum de son droit légitime au soutien public, à l’instar de toutes les autres institutions médiatiques marocaines, dans le cadre de l’appui pour contrer les impacts de la pandémie du nouveau coronavirus» après la suspension de l’impression et de la distribution des supports dans leur version papier.
La direction de la société éditrice a par ailleurs annoncé que les rémunérations des employés seront versées en priorité avant les autres créanciers, lors de la liquidation de Media 21.
Des ex-membres de l’équipe pointe d’autres motifs
Mais d’anciens journalistes et responsables de la publication voient dans cette fermeture du journal la conséquence des erreurs de gestion des propriétaires. Ancien directeur de publication ayant succédé à Bouachrine, Younes Masskine a déclaré «le silence en un tel moment est plus proche d’un faux témoignage que d’une sagesse ou d’une courtoisie». Pour lui, le journal «n’a pas été tué par la crise ou les restrictions liées à la crise sanitaire. Tout cela était vrai et réel, mais pas au point d’en faire la cause directe de la fin d’une expérience médiatique de cette taille», a-t-il regretté.