On le sait aujourd’hui, tous les responsables algériens qui ont usé dans un sens ou un autre de la carte « Maroc » pour se positionner sur l’échiquier politique algérien, l’ont payé d’une manière ou d’une autre, à terminer par la fin de parcours de Ramtane Lamamra.
Ironie de l’histoire, la grand-messe anti-marocaine qui se prépare aujourd’hui dans les coulisses de l’ambassade d’Algérie à Paris remonte à la législature de Ramtane Lamamra, quand l’ex-patron de la diplomatie algérienne présidait aux destinées de ce département.
Bien que modéré dans son appréhension personnelle des relations avec le voisin de l’Ouest, Lamamra a été obligé d’avaler bien des couleuvres pour rester dans les bonnes grâces des généraux, mais le peu d’entrain qu’il a manifesté pour l’idée de mobiliser des activistes proches des services algériens pour un énième rassemblement dans les rues parisiennes pour cracher des formules hostiles à l’encontre du Maroc, accusé entre autres de soutenir des personnalités emblématiques de l’opposition algérienne exilées à l’étranger, a fait le bonheur de Tebboune qui a toujours vu dans Lamamra, un éventuel concurrent d’autant plus dangereux que l’homme possède toujours ses entrées au palais de la Mouradia où il régnait en maître quand l’actuel président algérien était quasiment un illustre inconnu.
Selon nos sources, il y donc aussi la difficulté qu’a trouvée l’ex-ministre des AE à convaincre les autorités françaises de dérouler au président algérien un tapis rouge y compris en faisant entorse aux us et coutumes de l’Hexagone en interdisant notamment des manifestations anti-algériennes, à l’occasion de la visite de Tebboune à Paris programmée depuis longtemps et reportée à plusieurs reprises.
Aujourd’hui, dans les coulisses, le diplomate chevronné regrette amèrement d’avoir poussé le bouchon trop loin avec le voisin marocain, quand dans la chaleur estivale de 2021, il avait été poussé à annoncer la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, en raison « d’actions hostiles » du royaume à l’égard de l’Algérie, une rupture avec laquelle il n’était pas d’accord, même s’il est acquis qu’il ne porte pas le royaume particulièrement dans son cœur.
« Il a été prouvé, historiquement, que le royaume n’a pas cessé un jour ses œuvres inamicales, basses et hostiles contre l’Algérie depuis l’indépendance », s’était senti obligé d’ajouter le chef de la diplomatie algérienne, en rappelant la guerre entre le Maroc et l’Algérie en 1963 qui avait fait 850 morts.
Résultat, le président algérien est en train de chasser tous les anciens relais de Lamamra du ministère des AE. Premier à être remercié par le nouveau patron de la diplomatie algérienne, l’ex-ambassadeur d’Algérie à Rabat, Abdelhamid Abdaoui, directeur général de la communication et de la documentation du ministère des Affaires étrangères, pourtant réputé proche des services de renseignement du pays, qui vient d’être déchu.
Ahmed Attaf, a aussi mis fin à la mission du directeur de l’Institut diplomatique et des relations internationales (Idri) depuis 2022, Mohamed Abdelaziz Bouguetaia, un intime de Lamamra. En réalité, il semble que le président Abdelmadjid Tebboune et son nouveau ministre des AE ne vont pas cesser la chasse aux sorcières tant qu’il n’auront pas traqué tous les anciens relais de Lamamra dans le corps diplomatique algérien , histoire de les neutraliser complètement.