Rabat – L’Algérie s’apprête à envoyer “un envoyé spécial” pour remettre une invitation au roi Mohammed VI pour le sommet de la Ligue arabe qui se tiendra à Alger en novembre prochain, a rapporté mardi un média algérien.
TSA, l’une des principales sources d’informations francophones fiables d’Algérie, a indiqué dans son rapport que l’Algérie invitera “tous les pays arabes à prendre part à ce sommet, y compris le Maroc”.
Les relations diplomatiques entre les deux pays ont été marquées par des tensions liées au soutien financier et logistique continu de l’Algérie au Front Polisario, le groupe séparatiste qui revendique l’indépendance des provinces du sud du Maroc.
Les relations historiquement tendues entre les deux voisins se sont encore détériorées l’année dernière après que l’Algérie a annoncé sa décision de “rompre toutes les relations” avec le Maroc. L’Algérie a notamment fermé son espace aérien aux vols en provenance du Maroc, accusant son voisin occidental de porter atteinte aux intérêts, à la stabilité et à la sécurité de l’Algérie.
Une obligation morale
Alors que ces derniers mois ont vu les tensions entre les deux pays s’exacerber ou rester à leur niveau habituel, des sources gouvernementales algériennes ont déclaré à TSA qu’un ministre sera “nommé pour remettre l’invitation au Maroc” à participer à la Ligue arabe.
“Le nom de ce ministre et la date de son déplacement à Rabat n’ont pas encore été fixés”, a précisé le média, ajoutant que ses sources ont exclu que ce soit le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui se rende à Rabat pour remettre l’invitation spéciale de son pays.
L’Algérie a déjà adressé des invitations à plusieurs chefs d’État, dont le président palestinien Mahmoud Abbas et le président égyptien Abdelfattah Al Sissi.
Echourouk Online, un organe de presse algérien proche de l’élite dirigeante du pays, a publié une information similaire mardi, indiquant que l’Algérie considère l’envoi d’un “envoyé spécial au Royaume du Maroc” comme “une obligation morale et un devoir politique qui exige de traiter tous les États membres sur un pied d’égalité”.
Cette démarche n’est pas “liée aux relations bilatérales, mais aux relations multilatérales”, a ajouté Echourouk Online, laissant entendre que l’invitation spéciale du gouvernement algérien au roi du Maroc n’affectera pas la volonté affichée d’Alger de désamorcer les tensions avec Rabat.
La nouvelle d’une potentielle “invitation spéciale” algérienne au Maroc arrive juste après le Conseil de la Ligue arabe au Caire, où le plus haut diplomate marocain a semblé mardi s’en prendre au défi permanent de l’Algérie à l’intégrité territoriale du Maroc.
Le prochain sommet arabe doit se dérouler sur une “base de responsabilité et [s’écarter] de tout calcul étroit ou de toute logique dépassée”, a déclaré le ministre marocain des affaires étrangères, soulignant que la solidarité arabe exige une confiance mutuelle et un respect mutuel de l’intégrité territoriale des membres de la Ligue arabe.
L’un des principaux obstacles à la réalisation du rêve de solidarité arabe est l’absence d’une vision arabe claire et partagée pour relever les défis communs, a affirmé Nasser Bourita, avant de conclure : “Il est temps de mettre en place des bases solides pour un partenariat arabe intégré visant à améliorer les outils de l’action arabe commune.”