Rabat – La Tunisie maintient une “neutralité totale” sur le Sahara occidental tout en appelant à une solution pacifique à ce différend vieux de plusieurs décennies, a déclaré le ministère des Affaires étrangères du pays dans un communiqué le 27 août, dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes avec le Maroc.
“La Tunisie a décidé de rappeler immédiatement son ambassadeur à Rabat pour des consultations”, a annoncé le ministère.
Cette déclaration fait suite au rappel par le Maroc de son ambassadeur à Tunis pour protester contre l’accueil par la Tunisie de Brahim Ghali, le chef du Front Polisario séparatiste qui cherche à obtenir l’indépendance du sud du Maroc.
En plus d’inviter Ghali à participer à la 8e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) qui se déroule ce week-end à Tunis, le gouvernement tunisien s’est donné beaucoup de mal pour recevoir Ghali avec les honneurs d’un chef d’État.
Alors que le Maroc a rappelé son ambassadeur pour signaler son mécontentement ou sa frustration face à ce qu’il considère comme un manque de réciprocité et une atteinte à son intégrité territoriale, le communiqué du ministère tunisien a affirmé que Tunis souhaite toujours maintenir de bonnes relations avec Rabat.
“Si la Tunisie affirme son engagement à préserver ses relations amicales, fraternelles et historiques avec le peuple marocain, elle rejette les phrases contenues dans le communiqué marocain accusant notre pays d’adopter une position agressive envers le Maroc et de porter atteinte aux intérêts marocains”, indique le communiqué du ministère.
Il a poursuivi en qualifiant la réaction marocaine de surprenante, arguant que c’est l’Union africaine (UA), co-organisateur de la TICAD, qui a lancé une invitation à tous ses membres, y compris la République arabe sahraouie démocratique (RASD) autoproclamée.
La décision d’inviter tous les membres de l’UA à la TICAD8 a été prise lors des réunions du Conseil exécutif de l’Union africaine qui se sont tenues à Lusaka, en Zambie, les 14 et 15 juillet, en présence de la délégation marocaine, a indiqué le ministère tunisien.
Ce n’est pas la première participation de la RASD autoproclamée à la TICAD, a-t-il ajouté, rappelant la précédente participation d’une délégation du Polisario à la sixième TICAD à Nairobi, au Kenya, en 2016.
Vendredi, le ministère marocain des Affaires étrangères a annoncé dans un communiqué de presse sa décision de rappeler l’ambassadeur du Maroc en Tunisie. Cette décision n’est pas une surprise étant donné la position non négociable du pays sur le Sahara occidental.
Dans un discours du 20 août, le Roi Mohammed avait en effet insisté sur le fait que la marocanité de la région du Sahara Occidental reste centrale dans la politique étrangère du Maroc et dans l’identité nationale du royaume.
Le maintien de bonnes relations avec le Maroc devrait s’accompagner d’une reconnaissance de la position légitime du pays sur le conflit du Sahara, a laissé entendre le Roi.
“J’attends de certains États parmi les partenaires traditionnels du Maroc ainsi que de nouveaux États, dont les positions concernant la marocanité du Sahara sont ambiguës, qu’ils clarifient leurs positions et les reconsidèrent d’une manière qui ne laisse aucune place au doute”, a-t-il déclaré.
En 2021, le Maroc a rappelé ses ambassadeurs en Espagne et en Allemagne en raison des “positions hostiles” de ces deux pays européens sur la question du Sahara occidental.
Mais ces derniers mois ont été marqués par une amélioration remarquable des relations diplomatiques entre le Maroc et ces deux pays.
De manière cruciale, les relations bilatérales avec l’Espagne, acteur historique du conflit du Sahara en tant qu’ancienne puissance coloniale de la région, se sont réchauffées en mars après que Madrid ait officiellement approuvé le plan d’autonomie du Maroc comme étant la meilleure voie vers une résolution politique durable du conflit vieux de plusieurs décennies.
Dans le même temps, la ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, s’est rendue au Maroc en début de semaine pour réaffirmer la volonté de son pays de renforcer les relations avec Rabat.
Au cours de sa visite, Baerbock a notamment parlé de la nouvelle adhésion de son pays au plan d’autonomie marocain, décrivant la proposition “comme un effort sérieux et crédible” pour fournir une “solution politique réaliste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable pour les parties”.