Rabat – L’élection tunisienne a connu un taux de participation record de 8,8 %, le taux le plus bas depuis le printemps arabe.
Sur les neuf millions d’électeurs inscrits, seuls 803000 hommes et 638 000 femmes se sont rendus aux urnes, l’opposition ayant boycotté le scrutin. Les partis de l’opposition affirment que l’élection n’est qu’une “mascarade”, alors que Saied Kais s’efforce silencieusement d’organiser un “coup d’État en douceur”.
Selon un rapport de Reuters, la principale coalition d’opposition tunisienne, le Front du salut, soutient que le faible taux de participation aux élections signifie que Kais a perdu sa légitimité en tant que dirigeant, ajoutant qu’il “devrait quitter son poste”.
Les partis d’opposition appellent actuellement à des “manifestations et des sit-in massifs” pour forcer le Saïd à démissionner.
Après le Printemps arabe et le soulèvement populaire qui a apporté la démocratie en Tunisie, l’état de la démocratie s’est lentement dégradé depuis que Saied Kais a pris ses fonctions.
La décision de Kais de faire passer le pays au régime par décret en juillet 2021 a été un signal d’alarme pour les Tunisiens qui étaient déjà préoccupés par l’état de la démocratie dans leur pays. La décision du président de gouverner par décret a privé le parlement, alors puissant, de son pouvoir et l’a fermé.
Si le président a défendu sa décision en affirmant qu’il s’agissait d’éviter de futurs troubles politiques, beaucoup ont vu dans cette mesure une tentative silencieuse de s’emparer du pouvoir et de mettre un terme à la transition démocratique du pays.
La dégradation de la situation économique du pays rend le président encore moins populaire. Le taux d’inflation du pays a atteint le chiffre vertigineux de 9,8 %, pesant sur le pouvoir d’achat de la population dans un contexte de montée en flèche du taux de chômage, qui a atteint près de 17 % en 2021.
La popularité du gouvernement tunisien a particulièrement souffert de la crise du COVID-19, car son plan pour redresser l’économie impliquait de réduire les subventions pour les produits de base.
“Pourquoi devrais-je voter ? … Je ne suis pas convaincu par cette élection”, a déclaré à Reuters un électeur éligible. “Lors des élections précédentes, j’étais le premier à arriver…. Mais maintenant, je ne suis pas intéressé”, a-t-il ajouté.