Nihed El Baroudi, écrivaine et juriste franco-marocaine, revient sur les travers de l’affaire Bouhlel, dénonçant un tribunal des réseaux sociaux et une dictature des émotions paralysant toute justice efficace.
brahim Bouhlel, jeune humoriste et acteur franco-algérien révélé par la série Validé, a l’habitude de se rendre au Maroc et plus particulièrement à Marrakech. Le 4 avril, il a posté sur les réseaux sociaux une vidéo voulue humoristique, mais insultante à l’égard du royaume. Insultante vis-à-vis des femmes marocaines, mais aussi des enfants mis en scène sur cette vidéo.
Dès sa diffusion, la vidéo a généré une série de commentaires et une vague d’indignation, notamment de la part de Franco-Marocains. Si l’indignation, initiée par l’ancien rappeur et boxeur franco-marocain Kamelancien, est légitime et témoigne de tout l’amour et la fierté que portent ces célébrités binationales à leur pays d’origine ou au pays de leurs parents, la réaction judiciaire semble toutefois disproportionnée.
Nihed El Baroudi, écrivaine et juriste franco-marocaine, revient sur les travers de l’affaire Bouhlel, dénonçant un tribunal des réseaux sociaux et une dictature des émotions paralysant toute justice efficace.
Brahim Bouhlel, jeune humoriste et acteur franco-algérien révélé par la série Validé, a l’habitude de se rendre au Maroc et plus particulièrement à Marrakech. Le 4 avril, il a posté sur les réseaux sociaux une vidéo voulue humoristique, mais insultante à l’égard du royaume. Insultante vis-à-vis des femmes marocaines, mais aussi des enfants mis en scène sur cette vidéo.
Nihed El Baroudi est juriste et écrivaine franco-marocaine. Elle est l’autrice de Maroc, où vas tu ? (L’Harmattan, 2021)
Dès sa diffusion, la vidéo a généré une série de commentaires et une vague d’indignation, notamment de la part de Franco-Marocains. Si l’indignation, initiée par l’ancien rappeur et boxeur franco-marocain Kamelancien, est légitime et témoigne de tout l’amour et la fierté que portent ces célébrités binationales à leur pays d’origine ou au pays de leurs parents, la réaction judiciaire semble toutefois disproportionnée.
Après cette dénonciation des réseaux sociaux, l’institution judiciaire s’est emparée de l’affaire. L’humoriste Brahim Bouhlel et le snapchatteur franco-marocain Zbarbooking ont été placés en garde à vue à Marrakech pour “incitation à la haine et à la discrimination”, “diffamation” et “diffusion de vidéos de personnes mineures sans le consentement de leurs parents”. Le 7 avril, le procureur du roi a annoncé que Brahim Bouhlel était placé en détention préventive et qu’il encourait de un à trois ans de prison ferme.
Nombreux sont les internautes qui se sont réjouis de ce sort. Comme si justice avait été faite, justice avait été rendue. Ce constat me semble inquiétant pour ne pas dire alarmant. Même si le contenu de la vidéo est provocant et insultant et qu’une réaction était attendue (amende, par exemple), une condamnation à de la prison ferme est-elle souhaitable ou envisageable ?