La ministre française de la Culture, Roselyn Bachelot, a annoncé que la France est sur le point de déclassifier les archives des “enquêtes judiciaires” de la guerre d’Algérie (1954-1962). Après une soixantaine d’années. D’autant que les relations algéro-françaises sont tendues depuis des mois.
“Il y a quinze ans, les archives des enquêtes judiciaires de la gendarmerie et de la police sur la guerre d’Algérie ont été ouvertes”, a déclaré Bachelot à BFMTV vendredi. Ces déclarations interviennent deux jours après la visite du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian en Algérie.
Mme Bachelot a ajouté qu’elle voulait que tout le monde voie clairement ce qui s’est passé. Elle a fait remarquer qu’il y a ceux qui “falsifient les faits historiques”. Et qu’un récit national ne peut être construit sur de fausses bases. Bachelot a souligné que la France veut reconstruire plusieurs choses avec l’Algérie, mais ce processus ne peut avancer que sur la base de la vérité.
Mme Bachelot a déclaré que la falsification des faits conduit à la haine et à l’agitation. Elle a ajouté qu’une fois que les faits sont mis sur la table, reconnus et analysés, “ce n’est qu’alors que la réconciliation peut commencer.”
Lorsqu’on a demandé à Mme Bachelot quelles seraient les répercussions de cette décision, notamment en ce qui concerne les futurs aveux français sur les actes de torture perpétrés par l’armée française en Algérie. Elle a répondu qu’il était “dans l’intérêt de la France de reconnaître que la torture a eu lieu.”
L’annonce de Bachelot s’inscrit dans le cadre d’une vaste campagne lancée par le président français Emmanuel Macron, qui cherche à se réconcilier avec l’Algérie. En septembre 2018, Emmanuel Macron a admis que la disparition du mathématicien et militant communiste Maurice Auden en 1957 en Algérie était l’œuvre de l’armée française. Macron a ensuite permis à la famille d’Auden de consulter des documents provenant des archives secrètes.
L’Élysée avait annoncé, dans un communiqué en mars dernier, que le président français avait pris la décision de permettre aux archives de déclassifier les documents couverts par le secret de la défense nationale jusqu’aux dossiers de 1970 inclus. “Cette décision est de nature à raccourcir significativement les délais d’attente liés aux procédures de déclassification, notamment en ce qui concerne les documents relatifs à la guerre d’Algérie”, précisait le texte.