Pékin a annoncé des sanctions contre quatre entités et dix responsables européens, interdits de séjour en Chine, dont l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, accusé de désinformation à propos de la minorité musulmane des Ouïghours. Elle-même ciblée par des sanctions de l’UE, mais aussi des Etats-Unis, qui lui reprochent le traitement infligé à la minorité musulmane des Ouïghours, Pékin a décidé de riposter. Le 22 mars, la Chine a ainsi annoncé des sanctions contre dix européens, dont des universitaires et des parlementaires (parmi lesquels figurent l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, particulièrement actif sur la question des Ouïghours) et contre quatre organisations. La veille, Bruxelles avait approuvé des sanctions contre quatre dirigeants de la région chinoise du Xinjiang, accusés de violations de la minorité ouïghoure. «Cette décision, qui ne repose sur rien d’autre que des mensonges et de la désinformation, ignore et déforme les faits», a commenté le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué, ajoutant qu’il s’agissait d’une ingérence «grossière» dans ses affaires intérieures.
Pékin fait l’objet de multiples accusations, de la part de personnalités se présentant comme défendant les droits de l’Homme, selon qui plus d’un million de Ouïghours et d’autres minorités majoritairement musulmanes seraient ou auraient été détenues dans des «camps d’internement» dans cette région du nord-ouest de la Chine. Les autorités chinoises se voient ainsi accusées de perpétrer un «génocide», de stériliser de force les femmes, ou même de vendre «les organes halal de ses prisonniers Ouïghours».
Mais la fiabilité, et l’impartialité des sources utilisées pour soutenir ces accusations sont fortement remises en cause par certains observateurs. C’est le cas, entre autres, du journaliste Maxime Vivas qui, s’étant rendu sur place, n’hésite pas à dénoncer une forme de «propagande occidentale». En tout état de cause, le difficile accès des journalistes dans cette région rend malaisée une réelle connaissance de la situation in situ. De leur côté, les autorités chinoises mettent en avant la nécessité selon elles de lutter contre les velléités séparatistes dans le Xinjiang et le départ de jeunes gens vers les rangs djihadistes. L’AFP rapportait ainsi en juillet 2020 que la région, «sous haute surveillance policière», était «régulièrement frappée par des attentats meurtriers, attribués par Pékin à des séparatistes ou des islamistes ouïghours». L’ambassade de Chine en France nie pour sa part le qualificatif de «camps de travail» pour les Ouïghours, préférant le terme de «centres d’enseignement et de formation professionnels […] similaires aux centres de déradicalisation en France et dans d’autres pays», «une mesure utile de lutte antiterroriste et de déradicalisation», comme l’expliquait à l’été 2020 la diplomatie chinoise. http://euronews.com