Rabat – Le Maroc et Israël semblent avoir une interprétation différente concernant l’expansion des liens diplomatiques entre les deux pays. Alors que le Maroc semble se concentrer sur les accords économiques, les médias israéliens parlent des “ambassades” comme s’il s’agissait d’un fait accompli.
Cette semaine, Israël a “nommé” un “ambassadeur permanent” au Maroc, malgré l’absence d’une ambassade ou d’une quelconque confirmation de la part du Maroc de sa volonté de développer davantage les liens diplomatiques.
David Govrin, l’actuel chargé d’affaires de la mission diplomatique israélienne à Rabat, a été nommé par le ministère israélien des affaires étrangères au poste d’ambassadeur dans un pays qui n’a pas encore confirmé publiquement sa volonté d’ouvrir des ambassades.
La nouvelle n’est pas surprenante, car Israël n’a cessé de faire pression pour étendre les liens diplomatiques, sans que Rabat ne réagisse vraiment. Après la visite du ministre des affaires étrangères Yair Lapid au Maroc le 11 août, les médias israéliens ont annoncé que le ministre des affaires étrangères du Maroc se rendrait en Israël “dans les deux mois” pour ouvrir une ambassade marocaine à Tel Aviv.
Alors que les médias israéliens continuent de traiter la question comme un fait accompli, les diplomates marocains n’ont fait aucune déclaration à ce sujet. Rabat est heureux de partager des technologies militaires et de conclure des accords économiques, mais l’ouverture des ambassades n’est toujours pas confirmée et n’est donc pas officielle.
Les médias internationaux et marocains ont repris les déclarations israéliennes sur les intentions du ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, sans réponse du plus haut diplomate marocain.
Alors qu’un nouvel élargissement des liens diplomatiques n’est pas impensable, la décision du ministère israélien des affaires étrangères de présenter la question comme réglée en dépit de tout accord public défie le protocole traditionnel des nominations d’ambassadeurs.
Pour qu’un envoyé diplomatique soit officiellement appelé “ambassadeur”, le pays d’envoi doit d’abord proposer son nom au pays d’accueil, qui, après enquête, indique s’il approuve ou non la nomination.
Et une fois approuvé par le pays d’accueil, l’ambassadeur nouvellement nommé doit présenter ses lettres de créance au chef d’État ou au ministre des affaires étrangères du pays d’accueil. Mais cette tradition n’a notamment pas été suivie dans le cas de la nomination de Govrin.
Le Maroc n’a pas confirmé son accord pour la nomination d’un ambassadeur israélien à Rabat et, en tant que telle, l’idée d’établir des ambassades continue d’être un sujet de discussions bilatérales qui est mal servi par une campagne de pression publique dans les médias israéliens.