Les affres de la prison. C’est sans doute ce que fuyait l’ex-responsable d’Ennahdha et ancien ministre Mohamed Ben Salem quand il a fait sa virée sur les frontières tuniso-libyennes, avec les bras chargés de devises, dit-on. On est bien curieux de savoir ce qu’il va raconter au juge. Enfin, quand il sortira de l’hôpital, comme tous ses copains que la justice a coincés. Dure, dure la prison…
Avant Ben Salem il y a eu le dirigeant d’Ennahdha et ancien ministre Noureddine Bhiri, il y a eu l’ancien chantre du djihadisme Habib Ellouze, l’ancien procureur de la République “pro-Ennahdha” (dit-on) Béchir Akremi, etc. Bref, le moins qu’on puisse dire est qu’ils encaissent très mal le séjour en prison. Pourtant avec tout le mal qu’ils ont fait au pays, que la Tunisie traîne encore et traînera longtemps, ils devaient s’attendre à cette disgrâce, ils devaient s’y préparer psychologiquement.
Tous les séjours carcéraux qu’ils feront ne suffiront pas à payer les dégâts qu’ils ont causés dans le pays. Mais l’essentiel à ce stade est que la justice passe, car il y en a bien une sur cette terre, en attendant leur comparution devant le Tribunal des cieux, ces cieux vers lesquels ils prétendaient se tourner matin, midi et soir, ce qui a longtemps berné les Tunisiens. Mais heureusement c’est terminé. Et sans doute pour toujours.
Pour ceux que les juges n’ont pas encore pris dans leurs griffes, il leur reste un peu de temps pour se réjouir des malheurs de la Tunisie, comme en ce moment, des malheurs qu’ils ont causés en grande partie puisque n’ayant rien accompli dans aucun domaine que ce soit ; il leur reste un peu de temps pour exulter à chaque communiqué étranger qui claque sur les joues de la Tunisie. Leur temps est compté, alors qu’ils en profitent gaiement, goulûment, l’épée de la Justice approche à grands pas.
En attendant le pays a au moins gagné une chose, peut-être la plus précieuse : La fin de la fanfaronnade islamiste, quand ivres du pouvoir qu’ils ont pris effraction ils jetaient à la face de leurs adversaires – eux disaient ennemis – “allez boire l’eau de la mer si vous n’êtes pas contents” ; quand l’apparatchik Sahbi Atig poussait le bouchon jusqu’à déclamer publiquement, le 13 juillet 2013, qu’il était licite de verser le sang des antirévolutionnaires. Lui aussi se planque, se terre mais tôt ou tard on ira le débusquer, comme tous les autres, au nom de la reddition des comptes.