Plus d’une année qu’ils n’ont pas mis les pieds en Algérie, privés de leurs proches. Eux, ce sont les victimes collatérales de la crise sanitaire.
Depuis le 17 mars 2020, le gouvernement algérien a fermé ses frontières maritimes et terrestres avec pour objectif affiché d’éviter la propagation de la Covid-19 sur son territoire. Il n’y a plus de vols commerciaux, seulement quelques vols spéciaux de rapatriement, opérés par Air Algérie au compte-gouttes, finalement suspendus début mars dernier.
Ils sont plus de 25 000 ressortissants algériens à être bloqués à l’étranger, livrés à eux-mêmes, selon un chiffre officiel, sans compter les binationaux de la diaspora algérienne vivant en France et ailleurs.
Pour l’heure, aucune perspective de réouverture de frontières à l’horizon, alors que la pandémie enregistre un léger rebond. Exemple le plus médiatisé et ubuesque, une vingtaine d’Algériens qui devaient se rendre de Londres à Alger, avec une escale à Paris, étaient bloqués à l’aéroport de Roissy en mars dernier. Ils dormaient à même le sol dans le terminal de l’aéroport parisien. Parmi eux, des enfants et des personnes fragiles.
L’Algérie leur a refusé l’embarquement en direction d’Alger en invoquant des raisons sanitaires et l’apparition du variant anglais. Cette situation s’est transformée en imbroglio juridique où tout le monde se renvoie la balle. Trois actions en justice ont été intentées, dont l’une a déjà été rejetée par le tribunal administratif de Paris.
Réunis dans des groupes Facebook comme «Rapatriement d’Algériens bloqués en France» et «Algériens bloqués à travers le monde», les Algériens bloqués à l’étranger sont de plus en plus désespérés et se plaignent d’avoir été abandonnés par le gouvernement algérien. La colère monte aussi contre la compagnie nationale Air Algérie.
Des rassemblements de protestation ont été organisés dans plusieurs pays, dont la France. Ils réclament tous d’être rapatriés chez eux. Beaucoup sont à court de ressources, alors que d’autres ont perdu leur emploi ou s’inquiètent pour leurs proches restés seuls au pays. Face à cette situation critique, les Algériens s’entraident pour prendre soin de ceux qui se retrouvent le plus en difficulté. Ils proposent des hébergements ou des invitations à partager un repas.
La demande d’ouverture des frontières a été appuyée par des hommes politiques. Début janvier, le sénateur Abdelouahab Benzaïm et le député de la communauté nationale établie à l’étranger, Noureddine Belmeddah, ont adressé une lettre commune au président Tebboune, dans laquelle Ils ont dénoncé une situation «jamais vécue depuis l’indépendance». «Les Algériens sont tenus d’obtenir une autorisation pour rentrer dans leur propre pays», au moment où «les travailleurs étrangers entrent en Algérie et en sortent à leur guise», ont-ils déploré.
Ils ont demandé au chef de l’Etat de prendre des mesures «rapides et efficaces» en procédant à l’ouverture des frontières terrestres, aériennes et maritimes pour permettre le retour de tous les ressortissants nationaux «sans conditions, hormis celles relatives au protocole sanitaire, à annuler le système des autorisations et des inscriptions préalables et à laisser Air Algérie et les compagnies étrangères gérer seules les vols vers l’Algérie».http://algerie360.com