Rabat – L’administration de Biden est intervenue pour annuler une tentative hostile des sénateurs, qui cherchaient à arrêter les dépenses américaines pour les exercices militaires conjoints entre Rabat et Washington. La section du dernier projet de loi sur la défense américaine interdirait les dépenses militaires américaines au Maroc sans des “étapes” marocaines indéfinies vers un accord de paix au Sahara Occidental.
Un projet de loi du Congrès daté du 22 septembre comprend un texte qui vise à limiter le soutien du gouvernement américain aux forces militaires au Maroc pour des exercices bilatéraux ou multilatéraux.
La section 1209 du National Defense Authorization Act (NDAA) vise à mettre la pression sur l’administration de Biden, et sur le Maroc en arrêtant la coopération militaire bilatérale dans un effort pour forcer le Maroc à négocier son intégrité territoriale et sa souveraineté sur le Sahara Occidental.
Le texte se lit comme suit : “Aucun des fonds autorisés à être affectés par cette loi pour l’année fiscale 2022 ne peut être utilisé par le Secrétaire à la Défense pour soutenir la participation des forces militaires du Royaume du Maroc à tout exercice bilatéral ou multilatéral administré par le Département de la Défense, sauf si le Secrétaire détermine, et certifie aux commissions de la défense du Congrès, que le Royaume du Maroc a pris des mesures pour soutenir un accord de paix final avec le Sahara occidental.”
En réponse, l’administration de M. Biden s’est inquiétée du fait que la section 1209, parmi d’autres sections du projet de loi, nécessiterait l’engagement du ministère de la Défense des États-Unis.
L’administration a jugé que la situation exigeait également une analyse ou un rapport sur une “question importante de politique étrangère sans inclure des moyens suffisants pour que le secrétaire d’État puisse fournir un appui et s’assurer que l’aide étrangère est mise en œuvre d’une manière conforme aux priorités de la politique étrangère”.
En substance, la section couperait toutes les dépenses américaines sur les exercices militaires avec le Maroc jusqu’à ce que le Secrétaire d’Etat américain “détermine” et “certifie” que le Maroc a “pris des mesures” vers un accord de paix au Sahara Occidental.
Si la section était passée dans son état actuel, elle fournirait un puissant levier américain sur la position du Maroc, et affaiblirait sa position vis-à-vis de l’Algérie et du Polisario dans toute négociation à venir.
La réponse de l’administration américaine à la tentative des sénateurs reflète la détermination du pays à sauvegarder et préserver les relations diplomatiques avec le Maroc.
Une telle démarche pour saper la position du Maroc sur le Sahara Occidental n’est pas exclusive à certains sénateurs de la sphère démocratique.
Plusieurs sénateurs, dont James Inhofe ont tenté de convaincre l’administration de Biden de revenir sur la reconnaissance américaine du Sahara Occidental par le Maroc.
Inhofe a co-rédigé une lettre, avec plus de 20 autres sénateurs, demandant à Biden d’annuler le soutien à l’intégrité territoriale du Maroc.
Les États-Unis ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en décembre 2020 par l’ancien président Donald Trump.
Depuis lors, l’administration américaine, sous la direction de M. Biden, a souligné qu’il n’y avait pas de changement dans cette position, confirmant ainsi la décision officielle de la politique étrangère américaine.
Le Maroc et les États-Unis entretiennent de bonnes relations diplomatiques, qui se traduisent par une coopération dans différents domaines, notamment un accord de libre-échange (ALE) et des actions militaires et sécuritaires conjointes, dont l’exercice militaire African Lion qui se tient conjointement chaque année.
L’exercice African Lion 2021 a eu lieu en juin, et les deux responsables américains et marocains ont souligné l’importance de la coopération en matière de sécurité contre les menaces, telles que le terrorisme.
Dans un autre geste pour souligner l’importance de la coopération entre Rabat et Washington, Joe Biden a rappelé le Traité d’amitié maroco-américain dans un message de félicitations adressé aujourd’hui au roi Mohammed VI.
Marquant l’anniversaire du jour de l’indépendance du Maroc, Joe Biden a déclaré que le traité avait toujours démontré “l’importance et la valeur du respect mutuel et de la coopération”.
Il a également ajouté que le rôle du traité constitue un “modèle” pour les relations diplomatiques actuelles entre les États-Unis et le Maroc, soulignant la volonté de ce pays d’approfondir les engagements communs, les investissements et le partenariat solide avec le Maroc.