En première ligne dans la lutte contre la Covid-19, cependant, aucune femme ne figure dans le comité scientifique de suivi et de l’évolution de la pandémie. 13 femmes médecins ont été emportées par l’infection.
Leadership féminin : pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19» est le thème choisi par l’Organisation des Nations unies cette année pour célébrer la Journée internationale de la femme et rendre hommage à toutes ces femmes du monde qui font face, depuis une année, à une épidémie meurtrière au même titre que leurs collègues hommes.
Ce sont d’énormes efforts qui ont été déployées par ces femmes qui ont non seulement la charge de toute une famille, mais aussi des patients avec qui elles partagent leurs souffrances. Infirmières, médecins, femmes de salle, aides soignantes, agents de sécurité et agents d’hygiènes méritent, aujourd’hui, tous les hommages à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme.
Qui dit 8 Mars dit droits des femmes. Une date et une journée que toutes les militantes des droits des femmes ont assimilé à une journée d’action, de sensibilisation et de mobilisation dédiée à la lutte pour les droits des femmes pour l’égalité et la justice. C’est aussi l’occasion de mettre en avant les initiatives qui placent les femmes au cœur de la création ainsi que leur participation à la vie sociale, politique et économique.
Ainsi, l’épidémie de la Covid-19 qui sévit à travers le monde depuis une année n’a épargné personne et les femmes ont été en première ligne en tant que professionnelles de la santé, en tant que scientifiques, médecins et pourvoyeuses de soins et elles ont lutté avec la même abnégation et le courage que leurs collègues hommes.
Comme elles ont été aussi fortement touchées au plan psychologique et physique et sanitaire de par leur métier qu’elles ont épousé par amour et conviction, malgré toutes les pressions et les difficultés qu’elles rencontrent notamment dans notre société. «Les femmes sont en première ligne face à la crise de Covid-19, en tant que professionnelles de santé, pourvoyeuses de soins, innovatrices, organisatrices communautaires et, pour certaines, en tant que dirigeantes nationales figurant parmi les leaders les plus exemplaires et les plus efficaces dans la lutte contre la pandémie. La crise a mis en évidence l’importance primordiale des contributions des femmes et le fardeau disproportionné qu’elles portent», souligne le communiqué de l’Organisation des Nations unies publié à cette occasion.
Pour l’OMS, sur 10 personnes travaillant dans le secteur de la santé dans le monde, 7 sont des femmes. «La crise a mis en évidence l’importance primordiale des contributions des femmes et le fardeau disproportionné qu’elles portent. La pandémie de maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) a mis en lumière l’efficacité du leadership des femmes en temps de crise», souligne l’OMS, en tant que personnel de santé en première ligne, d’autant plus que «les femmes représentent 70% des effectifs de ce personnel exposé à un risque accru d’infection et en tant que responsables de familles et de communautés. Les femmes ont relevé ce défi avec courage et honnêteté, en apprenant et en s’adaptant à une situation qui évolue rapidement», ajoute le communiqué de l’OMS.
Les sacrifices du personnel de santé féminin
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Ces femmes nombreuses ont répondu avec force pour justement contenir cette épidémie dans notre pays, mais elles restent toujours marginalisées, malgré tous les efforts déployés qu’elles soient chef d’unité, chef de service ou simple praticienne qui fait face à une maladie jusque-là inconnue. Preuve en est qu’aucune femme scientifique, pourtant elles sont nombreuses dans le secteur de la santé, ne figure au sein du comité scientifique de suivi et de l’évolution de la pandémie.
Le personnel soignant a payé au prix fort sa lutte contre le nouveau coronavirus. Sur les 166 victimes dans le secteur de la santé, 13 médecins sont des femmes. Elles continuent à travailler sans relâche pour soulager des patients et avec beaucoup de compassion.
Au-delà de la question égalitaire, aujourd’hui, la femme algérienne est obligée de réussir, estime le Pr Sbaihi Cherouat Atika, chef de service de médecine légale, à l’hôpital de Rouiba, première praticienne à avoir accepté d’effectuer des autopsies suite à la mort subite, dont la majorité sont dus à la Covid-19. «Etre femme et en plus médecin n’est pas chose facile à vivre dans notre société sans la pandémie. De par notre travail, nous sommes obligées de passer la nuit en dehors de la maison familiale. Ce que beaucoup de familles n’acceptent pas, mais la femme algérienne a su se faire une place, grâce à son courage et à sa force d’avancer et changer les choses. Elle assume parfaitement son rôle de mère, épouse et enfin travailleuse dans tous les domaines.
Si elle a pu réussir, c’est parce qu’elle a assumé tous ses engagement, que ce soit à la maison ou à l’extérieur», a t-elle souligné, tout en précisant que la pandémie a eu effectivement un grand impact sur les femmes en tant que professionnelles de la santé, malgré quelques exception, notamment pour les mamans dont les enfants sont en bas âge, vu la charge de travail importante dans les services. «J’ai même travaillé durant cette pandémie plus que mes collègues hommes.
J’ai assuré au même titre qu’eux des consultations dans les services Covid pour la prise en charge des patients, tout en assurant mes gardes et j’ai effectué également les autopsies sur cadavres suite à des morts subites», a-t-elle indiqué, tout en précisant qu’il est incontestable et plus que jamais que chacun reconnaisse que «les femmes professionnelles de la santé ont été à la hauteur et même dans d’autres secteurs. Malgré cela, la femme reste une proie à toutes les violences.
D’ailleurs, lors de cette pandémie, en plus de l’activité relative à la Covid-19, notre service a enregistré une multitude de cas de violences à l’encontre des femmes, coups et blessures. Les consultations en victimologie ont réellement augmenté, contrairement aux violences, agressions sexuelles qui, elles, ont baissé», a-t-elle souligné. D’autres témoignages de mère de famille, d’épouse, et jeune femme célibataire engagées dans la lutte contre la Covid-19 sont émouvants et déchirants.
«Nous portons des séquelles suite à l’épuisement physique et psychologie que nous avons subi durant toute cette période de la pandémie. Nous continuons à travailler avec la hantise d’un nouveau rebond, malgré l’accalmie.
C’est un vrai cauchemar que nous avons vécu, mais je suis médecin et j’ai choisi de faire ce métier. Je dois l’assumer jusqu’au bout. Sauf que durant cette épidémie, la crainte de se faire contaminer et de contaminer les autres, en l’occurrence sa famille, était très dure à surmonter. Laisser ses enfants et ne pas les voir au risque de les contaminer est insoutenable. C’est un grand sacrifice pour moi, sachant que je risquais de ne plus les revoir», relève Salima du service de réanimation dans un CHU de la capitale. Et d’ajouter : «Certaines de mes copines dormaient à l’hôpital pour éviter de renter chez elles au risque de contaminer leurs parents qui sont malades chroniques.»
«Je tiens à rendre hommage à tous les soignants et soignantes, les femmes de salles, la cheffe d’unité qui n’ont pas manqué d’assurer leur mission et de venir en aide aux patients. Vous ne pouvez pas imaginer nos cris de joie lorsqu’un patient a ses résultats négatifs de la Covid et qu’il pouvait rentrer chez lui. Nous nous mettions toutes à pleurer de joie», se souvient-elle. Ce sont autant de sacrifices concédés pour les autres, de solidarité et de partage pour sauver des vies humaines par des femmes dont le statut social est encore, chez nous, celui de mineur à vie.