Officiellement, au moins 50 000 ressortissants chérifiens travaillent en Algérie, notament à Oran ou à Alger. Leur vie avait déjà été compliquée par la crise sanitaire en 2020.
Sur les hauteurs d’Alger, le drapeau marocain ne flotte plus dans le quartier d’El-Mouradia. L’emblème rouge frappé d’une étoile verte a été retiré et l’ambassade du Maroc a fermé ses portes, vendredi 27 août, après la rupture par Alger de ses relations diplomatiques avec Rabat en raison d’« actions hostiles ».
« La crise sanitaire, bien avant la crise diplomatique, a coupé ce qu’il restait entre les deux pays. Il n’y a même plus de vols, donc rien n’a vraiment changé pour moi », lâche Ismail Farih, un travailleur marocain de 25 ans, installé en Algérie depuis quatre ans.
arbe taillée, cheveux gominés et claquette aux pieds : à première vue, rien ne le distingue des jeunes du quartier populaire de Bourouba, commune du sud-est de la capitale algérienne, où il vit en colocation avec d’autres travailleurs. Rien, si ce n’est son accent marocain. « Dès qu’ils me voient, les commerçants du quartier me lancent des mots en derja (dialecte marocain). Tout le monde me connaît ici », poursuit Ismail Farih, qui a quitté Fès, dans le nord-est du Maroc pour suivre son frère déjà installé en Algérie. « Il m’a dit qu’il y avait de la demande en main-d’œuvre dans le plâtre et la décoration intérieure, alors je suis venu », explique-t-il.
Avec Ayoub (le prénom a été changé), son ami, qui travaille également dans le bâtiment, ils restent prudents quant aux relations tendues qu’entretiennent l’Algérie et le Maroc et qui ont mené à la rupture annoncée, le 24 août, par Ramtane Lamamra, le ministre algérien des affaires étrangères. « Si je m’y connaissais en politique, je ne travaillerais pas sur les chantiers. Je serais en costume cravate, j’aurais mon propre parti ou une place à l’Assemblée », dit Ayoub en riant. « Mais c’est vrai que, depuis cette annonce, je sors moins. J’ai peur de me faire arrêter et d’être expulsé », poursuit le jeune homme de 29 ans.