Quelques centaines d’étudiants soutenus par des citoyens ont défilé pacifiquement à nouveau hier à Alger, pour exprimer leur rejet des législatives anticipées du 12 juin prochain et réclamer le démantèlement du régime en place.
Le cortège des manifestants a sillonné, dans le calme et sans incident, les rues de la capitale pour rejoindre la Grande-Poste, au milieu d’un important dispositif policier, tandis qu’un hélicoptère survolait le centre d’Alger.
Comme chaque mardi, la procession humaine s’est ébranlée, vers 11h, de la place des Martyrs, au pied de La Casbah, point de départ de la marche, en entonnant l’hymne national, suivi des slogans en faveur d’un changement démocratique radical : «Dawla madania, machi askaria» (Etat civil, non militaire), «Chaâb yourid el istiqlal» (Le peuple veut son indépendance), «Salimou soulta li chaâb» (Restituez le pouvoir au peuple) et «Sahafa horra, adala moustaqilla» (Presse libre, justice indépendante).
Encadrée par les forces de l’ordre, la procession humaine s’est élancée à travers la rue Larbi Ben M’hidi, puis le boulevard Colonel Amirouche, l’avenue Abdelkrim Khettabi en passant par la place Maurice Audin. Sur le trajet de la manifestation hebdomadaire, les étudiants ont aussi fustigé la décision du président Tebboune d’organiser des élections législatives anticipées le 12 juin, pour tenter de sortir de la crise politique et économique qui secoue le pays.
«Le problème réside dans la légitimité et la dissolution du Parlement est une pièce de théâtre» et «Makanch intikhabat m3a l’îssabat !» (Pas d’élections avec la bande de mafieux), ont scandé les protestataires, alors que les rassemblements publics restent interdits en raison de la pandémie de coronavirus.
De nombreuses pancartes, où sont inscrits «Algérie libre et indépendante» et «Système dégage», sont brandies par les étudiants, à l’occasion de la 109e marche hebdomadaire depuis le début du hirak.
Outre l’exigence de la libération des détenus d’opinion, des manifestants ont exprimé leur solidarité avec des activistes établis à l’étranger, dont Mohamed Larbi Zeitout, Amir Boukhors et Hichem Aboud, objets de mandats d’arrêt internationaux lancés par la justice algérienne.
Les manifestants ont terminé leur marche, toujours dans le calme, deux heures plus tard, aux alentours du lycée Arroudj Kheireddine Barberousse, en entonnant Qasaman.
Dans une tentative de reprendre la main face au retour du hirak dans la rue, le président Tebboune a convoqué récemment des législatives anticipées le 12 juin. Le scrutin devait initialement avoir lieu en 2022, mais le chef de l’Etat a dissous, le 21 février, l’Assemblée populaire nationale, ouvrant la voie à ces législatives anticipées, rejetées depuis par le hirak et l’opposition politique.http://www.el watan.com