Tout en réitérant sa disponibilité à «dialoguer», l’Exécutif, et après avoir rappelé que «la Constitution algérienne, notamment ses articles 69 et 70, et la législation nationale ont consacré l’exercice des droits syndicaux y compris le droit à la grève», indique que «toutefois, une exploitation de l’activité syndicale par certains mouvements subversifs visant à semer la fitna a été récemment relevée, des mouvements qui avaient été identifiés par le passé et leurs plans dénoncés».
Il est ajouté, dans ce communiqué diffusé jeudi, que «les travailleurs, qui ont de tout temps été la force vive de la nation, doivent faire la distinction entre l’exercice des droits syndicaux consacrés et l’expression de leurs revendications professionnelles qui doivent être examinées à travers un dialogue ouvert, comme l’a exprimé le président de la République à maintes reprises, notamment dans sa déclaration lors du Conseil des ministres tenu dimanche 2 mai 2021, et entre les appels de certains mouvements subversifs qui ne cherchent qu’à compliquer la situation et exploiter leurs situations socioprofessionnelles à des fins douteuses».
Les travailleurs, qui ont déclenché des grèves ces derniers jours, l’ont-ils fait en réponse à des appels lancés par «certains mouvements subversifs» ?
Le Premier ministère a estimé, dans le même ordre, que «les deux dernières décennies ont été marquées, sous le régime de la îssaba (la bande), par l’émergence de mauvaises pratiques, en passant du cadre de la revendication légitime des droits à la logique d’illégitimité, en déniant les exigences de préservation du bon déroulement des structures publiques, la pérennité du service public et la protection de l’économie nationale et des outils de production».
«La grande majorité des enfants du peuple respecte le système constitutionnel et l’exprime de façon quotidienne à travers l’engagement responsable dans le processus de l’édification et du renouveau, contrairement à cette minorité limitée, dont certains membres établis à l’étranger œuvrent pour la diffusion du désespoir et la mise en échec du processus de changement et de lutte contre la corruption, qui ne peut que continuer jusqu’à la fin», ajoute-t-on encore.
Cette déclaration risque de provoquer l’ire des syndicats, qui ont déjà critiqué la précédente réaction de l’Exécutif dans laquelle il avait déjà évoqué un «complot».
Le ministère de l’Intérieur a également réagi de la même manière en direction de la protestation des agents de la Protection civile.
Les grévistes ne comptent pas renoncer
Bien entendu, beaucoup de ces représentants des travailleurs ne comptent pas, pour l’instant, renoncer à leur droit de grève. A titre d’exemple, un débrayage de trois jours, qui débutera demain, est annoncé dans le secteur de l’éducation. Et la situation risque de se compliquer davantage à l’avenir, au vu de la chute du pouvoir d’achat.
Ceci, alors que l’Exécutif, tout en réitérant sa «disponibilité» à dialoguer, laisse entendre qu’il est difficile, dans le contexte actuel, de satisfaire certaines revendications, notamment celles relatives à une hausse salariale.
«L’examen et le traitement des revendications exprimées pour leur trouver des solutions adéquates doivent se faire dans le cadre d’une approche progressive qui tienne compte des retombées et répercussions de la crise économique et sanitaire que traverse le pays et qui ne peut altérer le niveau et la qualité de vie des citoyens», a indiqué dans ce communiqué le Premier ministère.
Or, les prix de beaucoup de produits alimentaires ont fortement augmenté ces derniers mois, alors que les salaires stagnent depuis plusieurs années.