La campagne électorale pour les élections législatives s’est achevée hier à minuit. Le rendez-vous du 12 juin intervient dans un contexte particulier, marqué par une contestation populaire et le boycott de plusieurs partis de l’opposition, ce qui pourrait se répercuter sur le taux de participation, sachant que celui-ci était assez faible lors de l’élection de 2017 où seulement un tiers environ des électeurs (37,09%) s’était exprimé.
La révolte populaire ayant fait barrage au 5e mandat souhaité par l’ancien président, Abdelaziz Bouteflika, beaucoup s’attendaient à ce que la future Assemblée soit empreinte d’un minimum de légitimité. D’autant plus que celle qui vient d’être dissoute a été contestée notamment après le scandale relatif à l’achat des «têtes de liste». Or, beaucoup parmi les partis et personnalités de l’opposition sont sceptiques.
La campagne électorale, qui s’est terminée hier, n’a pas montré grand-chose en matière de débat d’idées. L’intérêt des citoyens était aussi mitigé. Si les formations politiques traditionnelles, à l’image du FLN, RND ou MSP, pour ne citer que celles-là, ont pu organiser des meetings et mobiliser leurs militants, d’autres partis ont globalement fait l’impasse sur ces actions de masse, se contentant de quelques rares apparitions dans des salles. Certains s’étant aventurés sur ce terrain se sont retrouvés devant une assistance clairsemée.
Il est vrai que la campagne s’est déroulée, d’une manière générale, sans incidents, mais cela ne peut être l’indicateur d’une éventuelle importante participation. D’ailleurs, si des responsables politiques ont tenu à rappeler, à maintes reprises, que la tendance, même dans d’autres pays, est à l’abstention, notamment lors des élections législatives, c’est parce que probablement ils s’attendent à un taux relativement bas, ceci sachant que le référendum sur la Constitution du 1er novembre 2020 n’a enregistré qu’un taux de participation de 23,7%.
C’est pour cela d’ailleurs que les participants à cette élection ont beaucoup plus passé leur temps durant cette campagne à lancer des appels aux électeurs pour la participation plutôt que de présenter leurs programmes.
Fin de la mainmise du duo FLN-RND ?
Les questions importantes n’ont été d’ailleurs que peu évoquées quand elles n’ont pas été occultées. Alors que rares sont les candidats ou chefs de parti politique participants à cette élection qui ont évoqué la situation des libertés dans le pays, notamment pour ce qui est des aspects liés à la répression du hirak et à l’arrestation-condamnation de militants et d’activistes.
Ce qui a également marqué cette campagne électorale, ce sont ces déclarations farfelues de quelques chefs de parti, comme celle du président du Front de la bonne gouvernance (FBG), Aissa Belhadi, qui a qualifié les femmes candidates inscrites sur les listes de sa formation de «fraises sélectionnées» ou de Abdelkader Bengrina, président du parti Bina, qui a prédit le paradis pour tous les Algériens.
Des déclarations qui ont provoqué tantôt des polémiques et dénonciations tantôt de la moquerie. Dans tous les cas de figure, aujourd’hui, l’opération électorale est lancée avec le vote des bureaux itinérants dans le sud du pays.
Samedi prochain, des Algériens se rendront aux urnes. Ils devront élire une nouvelle Assemblée par le biais d’un nouveau système électoral (voter sur la liste et cocher des noms de candidats) auquel ils ne sont pas habitués, ceci alors que les listes des indépendants sont plus nombreuses que celles des partis politiques.
A partir de dimanche prochain donc, les uns et les autres auront une idée plus précise sur l’étendu de l’intérêt que porte la population à ce rendez-vous électoral. Les Algériens seront également fixés sur la composante de la future Assemblée, au moment où certains analystes prédisent la fin de la mainmise du duo FLN-RND sur l’APN.