Rabat – Le média espagnol El Mundo a rapporté dimanche que le régime algérien interdit à l’Espagne de revendre son gaz au Maroc dans un contexte de crise croissante entre Rabat et Alger.
“La crise entre l’Algérie et le Maroc s’amplifie et la forte dépendance de l’Espagne au gaz dans cette phase de la transition énergétique a ouvert un nouveau front au gouvernement de coalition de Pedro Sanchez, déjà très affaibli”, écrit El Mundo.
Après avoir résilié le contrat du gazoduc Europe-Maghreb avec lequel elle exportait du gaz vers l’Espagne via le Maroc, l’Algérie impose maintenant de nouvelles conditions pour étendre le seul gazoduc qu’elle entretient avec l’Espagne, note le journal espagnol.
Avant de décider de résilier le contrat du gazoduc Europe-Maghreb, qui était opérationnel depuis 1996, l’Algérie a rassuré l’Espagne en lui disant qu’elle continuerait à lui fournir du gaz par le gazoduc Medgaz.
Alors que l’Europe se prépare à ce qui devrait être l’un des hivers les plus rigoureux depuis des années, les autorités de l’UE et de l’Espagne, en particulier, attendaient et demandaient instamment à l’Algérie de maintenir le gazoduc régional. Mais l’Afrique du Nord a rejeté ces appels, invoquant les “actes hostiles” présumés du Maroc à l’encontre des intérêts algériens pour justifier sa décision de mettre fin au contrat.
Cette décision intervient dans un contexte de tensions bilatérales croissantes après la décision de l’Algérie de rompre ses liens diplomatiques avec Rabat en août.
La décision de l’Algérie a suscité l’inquiétude des pays de l’UE, et plusieurs membres du Parlement européen l’ont décrite comme un “chantage au gaz” visant le Maroc, mais dont les conséquences sont considérables pour l’Europe à l’approche de la saison hivernale.
Au Maroc, en revanche, la décision algérienne, très attendue, n’a suscité que peu ou pas de frustration. Immédiatement après l’annonce par l’Algérie de la fin de l’accord de longue date sur le gazoduc, le gouvernement marocain a souligné que cette décision n’aurait pas d’impact immédiat sur la consommation d’énergie des Marocains.
“Sa fermeture n’a actuellement aucun impact sur la production d’électricité dans le royaume”, a déclaré le gouvernement marocain, Mustapha Baitas.
Baitas a également souligné que le prix de l’électricité ne connaîtra “aucune augmentation d’aucune sorte, car l’impact de la fermeture du gazoduc est insignifiant, voire inexistant.”
L’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) et l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) ont également rassuré les Marocains en affirmant que le pays prenait les mesures nécessaires pour assurer un approvisionnement suffisant en gaz et en électricité.
Faisant écho au discours rassurant du gouvernement marocain, l’Institut pour la perspective et la sécurité européennes (IPSE), basé à Paris, a souligné que l’arrêt par l’Algérie du gazoduc Europe-Maghreb n’aura pas d’impact sur le Maroc en raison de l’excédent électrique du pays et de sa stratégie de diversification du mix énergétique pour assurer un approvisionnement régulier en électricité.