Rabat – Dans un contexte de crise socio-économique, le régime algérien a exprimé sa volonté de financer une partie de l’accord de sécurité entre le Mali et le Groupe Wagner, une société militaire privée russe.
L’accord de sécurité vise à permettre aux mercenaires russes d’entrer au Mali pour lutter contre le terrorisme et l’insurrection armée dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
En vertu de cet accord, Wagner enverra au moins 1 000 agents au Sahel, ce qui aura pour effet d’étendre l’influence russe sur les questions de sécurité en Afrique de l’Ouest, selon des sources de sécurité citées par Reuters.
La France a réagi avec fureur à cette nouvelle, et certains rapports indiquent que Paris est déterminé à empêcher le groupe de jeunes officiers maliens qui dirige actuellement le pays d’Afrique de l’Ouest de conclure un accord avec ce que la France considère comme des “mercenaires” russes.
Le média algérien Algérie Part Plus a confirmé l’implication de l’Algérie dans cet accord.
“Les autorités algériennes ont secrètement lancé un processus de négociations pour forger une alliance plus profonde avec les militaires maliens”, a rapporté le journal.
Il cite des sources gouvernementales algériennes selon lesquelles Alger a “informé la junte militaire malienne qu’elle est prête à financer une partie de leur accord de sécurité” avec Wagner.
Les sources d’Algérie Part Plus, dites proches de l’armée algérienne et du ministère des affaires étrangères, ont confirmé que le régime algérien est prêt à financer jusqu’à 50 % ou 70 % de l’accord.
Elles ont également suggéré que l’Algérie considère la présence russe au Mali comme une opportunité d’influencer l’équilibre des forces dans la région du Sahel.
“Nos sources soulignent que l’Algérie n’est guère hostile au déploiement d’une force paramilitaire russe au Mali”, affirme le journal algérien, “Au contraire, Alger se réjouit de cette perspective et envoie depuis septembre dernier des signaux positifs à Moscou pour l’encourager dans ce projet d’implantation au Mali.”
Le gouvernement algérien a également envoyé une délégation en septembre en Russie pour exprimer la détermination du pays à fournir “un soutien logistique important si une nouvelle base militaire russe est installée officieusement sur le territoire malien.”
Cette nouvelle intervient dans un contexte d’escalade des tensions – tant entre l’Algérie et la France qu’entre la France et le Mali.
Les relations franco-algériennes ont semblé prendre un tournant positif plus tôt cette année après la publication d’un rapport commandé par Macron sur les “souvenirs douloureux” de la colonisation et de la guerre qui ont longtemps prévalu dans les relations Paris-Alger.
Nombreux sont ceux qui, en Algérie, ont applaudi la détermination apparente de Macron à s’attaquer sérieusement à l’héritage trouble de la France coloniale, même si la frustration demeure face à ce que beaucoup d’autres ont décrit comme un geste purement symbolique qui n’a pas apporté la contrition sans ambiguïté que l’Algérie voulait et méritait.
Dans le contexte de satisfaction mitigée de la promesse de Macron de “réconcilier les mémoires [française et algérienne]”, les récents commentaires du président français sur “l’histoire officielle” du régime algérien ont déclenché la fureur et l’indignation des cercles politiques algériens.
Selon Le Monde, Macron avait déclaré que l’Algérie était dirigée par un “système politico-militaire” et une “histoire officielle” qui ne reposait pas sur des vérités mais plutôt sur un “discours de haine envers la France.”
Le dirigeant français aurait également décrit son homologue algérien, le président Tebboune, comme prisonnier d’un système “très dur”.
Manifestement exaspéré par les propos de Macron, a convoqué son ambassadeur de France pour des consultations.
“Suite à des propos non démentis, que plusieurs sources françaises ont attribués nommément à (Macron), l’Algérie exprime son refus catégorique de l’ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures”, a déclaré le gouvernement algérien dans un communiqué.
Les dernières remarques suggèrent que les dirigeants actuels du Mali ne sont pas non plus en bons termes avec Paris et sont déterminés à s’émanciper de l’emprise “néocoloniale” de la France.
Mais la question de savoir si l’accord Mali-Wagner mettra effectivement fin à la présence de la France au Sahel et si l’Algérie obtiendra l’ancrage régional dont elle a besoin pour rattraper le Maroc sur la scène géopolitique africaine reste ouverte.