L’ancien ministre et ancien secrétaire général du parti Attayar, Mohamed Abbou, a estimé que le président de la République a échoué.
Invité mercredi 22 septembre 2021 par la radio Jawhara FM, Mohamed Abbou a rappelé qu’il avait soutenu le président de la République lors de l’annonce des mesures exceptionnelles à la date du 25 juillet 2021.
Néanmoins, il estimé que Kaïs Saïed n’a pas réalisé les objectifs liés à l’application de l’article 80 de la Constitution. « Il a échoué… Il n’a pas lutté contre la corruption car il a cédé aux pressions étrangères et nationales », a-t-il déclaré.
Mohamed Abbou a considéré que le président de la République doit se focaliser sur le financement étranger des partis politiques et l’enrichissement illicite des politiciens et des juges. « Le président doit nous libérer de la classe politique corrompue ! Les quelques arrestations qui ont eu lieu ne signifient rien ! Je l’appelle à ne pas se laisser influencer par les opportunistes ! », a-t-il ajouté.
Pour ce qui est de la création d’un gouvernement, l’invité a estimé que Kaïs Saïed est libre d’en choisir la composition et la structure. Il a, aussi, mis l’accent sur le retard dans la formation de celle-ci. « Ceci aurait dû avoir lieu depuis la première semaine suivant l’annonce des mesures exceptionnelles… Les retards dans la création de gouvernement n’avaient pas dépassé les trois mois. Actuellement, bien qu’il soit le seul à détenir l’ensemble des pouvoirs, il n’est toujours pas arrivé à en former un ! », a-t-il déploré.
Les bailleurs de fonds et les institutions financières, selon lui, sont prêts à entamer des négociations même en l’absence d’un parlement.
L’ancien ministre a expliqué que le président de la République s’est emparé du pays. « Le président avait pour seul capital son intégrité ! », a-t-il affirmé.
Il a, par la suite, estimé que le président n’a pas respecté la Constitution. « Il en parle comme si c’était un torchon ! Ce n’est pas admissible ! Toute révision de la Constitution doit s’inscrire dans le cadre du respect du texte ! Ceci est soumis à certaines procédures ! Le non-respect de celle-ci signifie l’instauration d’une dictature… Nous sommes prêts à nous y opposer ! », a-t-il insisté.
Mohamed Abbou a considéré que le président a tourné le dos au processus des mesures exceptionnelles afin d’exécuter son plan personnel. « Nous n’avons vu aucune publication de sa part concernant son projet de changement de régime politique », a-t-il poursuivi.
A ce sujet, Mohamed Abbou a considéré que le projet du président n’a aucune importance pour les Tunisiens. « Il s’agit d’une illusion. Les Tunisiens découvriront que l’origine des problèmes auxquels fait face le pays n’est pas la Constitution », a-t-il expliqué.
Par la suite, Il a affirmé que le non-respect de la Constitution de la part de Kaïs Saïed peut pousser au non-respect des mesures qu’il annoncera.
« Même ceux qui soutiennent le président ne croient plus qu’il agit encore dans le cadre du respect de la Constitution. Ils affirment qu’il est tout à fait normal de suspendre l’application de la Constitution. Ces personnes sont irresponsables. Le président doit lutter contre la corruption et non-pas s’emparer du pays », a-t-il ajouté.
Évoquant le discours de Kaïs Saïed du 20 septembre 2021, Mohamed Abbou a assuré que le président de la République n’a pas encore élaboré des dispositions transitoires.
« Pour ma part, je ne pense pas que je suis concerné par les propos du président car je n’ai jamais essayé de me rapprocher de lui », a-t-il déclaré au sujet de certaines allégations mises en avant par le président durant le même discours.
Mohamed Abbou a considéré qu’il n’y a pas de soutien populaire au président. Il s’agit de personnes marginalisées qui s’attendent à ce que le président leur fournisse des emplois. Or, ceci n’est pas possible en raison de la réticence des investisseurs et du manque de ressources.
« Le président de la République n’est pas conscient de la situation économique… Il faut encourager l’investissement afin de lutter contre le chômage… Kais Saied n’est pas soutenu par le peuple… Je ne veux pas parler des sondages… Le frère du président ne doit pas le mener dans la tromperie… Il est en train de pousser son frère vers le danger », a-t-il dit.
Mohamed Abbou a, aussi, considéré que les assignations à résidence et interdictions de voyager ne s’inscrivent pas dans le cadre des mesures exceptionnelles.
businessnews