Après la rupture des relations avec le Maroc, des voix officielles en Algérie revendiquent haut et fort la capacité de leur pays à assurer l’ensemble des besoins de l’Espagne en gaz naturel, uniquement via le pipeline Medgaz.
Le gouvernement algérien ne prévoit pas de renouveler le contrat du gazoduc reliant l’Algérie à l’Espagne via le Maroc, après son expiration le 31 octobre prochain. C’est le message transmis,
«Les approvisionnements du marché espagnol en gaz algérien seront assurés à travers le gazoduc Medgaz reliant directement l’Algérie a l’Espagne». Et de rejeter, sur un ton catégorique, «toute négociation pour la prorogation du contrat du pipeline Maghreb-Europe» avec le royaume. Les mêmes sources ont réitéré que «l’Algérie est prête à fournir l’Espagne en «quantités considérables» uniquement par le gazoduc Medgaz.
Ces assertions interviennent moins d’une semaine après l’annonce faite par le PDG de la Sonatrach, Toufik Hakkar. Lors d’une visite d’inspection au projet de la quatrième unité de pression de gaz, il a indiqué que les capacités d’exportation de gaz naturel vers la péninsule ibérique via Medgaz seront hissés de 8 à 10,5 milliards de mètres cubes (M3). Un objectif qui devrait être atteint en novembre prochain, a-t-il promis.
L’Espagne a besoin annuellement de 20 milliards M3 de gaz
Pour rappel, le ministre algérien de l’Energie, Mohamed Arkab, a précisé, le 26 août à l’occasion d’une réunion avec l’ambassadeur espagnol à Alger, que l’ensemble des approvisionnements de l’Espagne en gaz sera exclusivement assuré via Medgaz. Deux jours auparavant, le chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra a tenu à fermer la porte à toute prolongation de l’accord, soulignant lors de son point de presse du 24 août, que «la rupture des relations avec le Maroc rend nulle et non-avenue toute négociation à ce propos».
L’Espagne sera le premier pays impacté par le non-renouvellement. Les médias ibériques commencent à alerter d’éventuelles hausses de la facture – déjà salée – de l’électricité dans les mois à venir. Pour sa part, l’agence de presse EFE a expliqué que le gazoduc Maghreb-Europe, d’une longueur de 1.400 km, garantit le transfert, via le Maroc, de 10 milliards M3 annuellement vers la péninsule. En revanche, le Medgaz, d’une longueur de 750 km, assure le transport 8 milliards M3 de gaz.
Ainsi l’Espagne et Portugal voisin ont besoin de 20 milliards M3 de gaz par an. Or pour l’heure, la Sonatrach et les «sources anonymes» ainsi que le ministre Arkab n’ont pas encore révélé comment ils comptent combler le déficit, estimé à 10 milliards M3 de gaz transitant jusqu’ici par le gazoduc Maghreb-Europe via le Maroc.
Le gouvernement de Pedro Sanchez est par ailleurs préoccupé par les messages qui lui parviennent d’Algérie. Au lendemain de la réunion de son ambassadeur à Alger avec le ministre de l’Energie, le chef de la diplomatie a affirmé que son département «discute et analyse la situation avec l’Algérie». Et d’Albares d’ajouter qu’«il est encore trop tôt pour tirer des conclusions».
Pour mémoire, le 19 août, la PDG de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), avait manifesté la disposition du royaume à renouveler le contrat du pipeline Maghreb-Europe. «C’est notre volonté, telle que nous l’avons exprimée verbalement et par écrit, publiquement et dans les discussions privées, toujours avec la même clarté et la même constance». Une main tendue, ignorée pour l’heure par l’Algérie.