Le Brexit a contribué au rapprochement entre le Royaume du Maroc et le Royaume Uni. La nouvelle dynamique aboutira-t-elle à la reconnaissance de l’intégrité territoriale marocaine ? Ahmed Faouzi, ancien ambassadeur et chercheur en relations internationales, analyse les derniers évènements et nous livre ses perspectives d’avenir.
Les Britanniques reconnaîtront tôt ou tard l’intégrité du territoire marocain”: Ahmed Faouzi, ancien ambassadeur et chercheur en relations internationales, en est convaincu.
Selon l’ex-diplomate, « plusieurs indices corroborent de manière presque certaine l’option d’un rapprochement plus fort entre le Royaume Uni et le Royaume du Maroc. Ce rapprochement pourrait probablement être couronné par un alignement des Britanniques sur la positions des pays qui reconnaissent l’intégrité territoriale du Maroc”.
Les indices auxquels M. Faouzi fait référence sont non seulement d’ordre économique, mais aussi politique et historique.
Concernant le fait que la BBC, “organe officiel du gouvernement britannique”, ait intégré la carte du Maroc réunifié sur son site web, M. Faouzi estime qu’il s’agit d’un pas allant dans “le bon sens”, surtout que le Royaume-Uni “n’est plus soumis aux injonctions de l’Union européenne. Cela dit, il faudrait attendre une confirmation claire et limpide dans ce sens par le Foreign office. La Grande Bretagne est certainement le pays européen le plus sensible à l’intégrité territoriale en raison de l’importance qu’elle accorde à la question de l’Irlande du nord, en ce qui concerne sa propre intégrité territoriale ».
“Il faut espérer que ce pas soit suivi par une reconnaissance totale de notre intégrité par ce grand pays qui, faut-il le rappeler, était notre premier partenaire au début du siècle dernier, bien avant l’arrivée de la France, et qui peut le redevenir si nos relations économiques évoluent dans le bon sens”, poursuit-il.
Cap vers le bloc anglo-saxon
Pour Ahmed Faouzi, la politique internationale du Maroc, dans le cadre de la diversification des partenaires, s’oriente vers l’axe anglo-saxon “regroupant les États-Unis et la Grande-Bretagne en tête de file, avec des pays leviers en Afrique, en Asie et au Moyen Orient ».
L’expert en relations internationales estime que le Maroc a évolué au sein de la zone francophone d’une manière positive. Selon lui, “la France restera un partenaire traditionnel du Maroc. Cela dit, l’évolution politique du Royaume impose une diversification des partenaires pour le bien de tous. Et le Brexit est une opportunité en or dans ce sens, aussi bien pour le Maroc que pour l’occident dans son ensemble”.
Le Brexit ouvre la voie au rapprochement
Les accords signés entre les deux Royaume suite au Brexit, les manœuvres militaires conjointes, ainsi que la position d’allié historique et stratégique de la Grande-Bretagne à l’égard des États-Unis présagent « un renforcement des relations maroco-britanniques ».
Pour M. Faouzi, “la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara est le premier pas qui devrait inciter les pays anglo-saxons, comme la Grande-Bretagne, l’Australie et les autres nations du Commonwealth à emboîter le pas aux autres pays, tels que les Etats-Unis ».
Pour Ahmed Faouzi, la Grande-Bretagne représente l’un des noyaux de l’économie moderne anglo-saxonne. Ce qui n’échappe pas aux entreprises marocaines qui se dirigent de plus en plus vers le monde anglo-saxon.
Il s’agit d’une « nécessité pour le Maroc d’explorer les marchés, ramener les investissements et financements ainsi que de nouvelles technologies. Cette diversification n’entraîne pas un reniement des alliés traditionnels tels que la France et l’Espagne. Bien au contraire, elle vise à créer une nouvelle dynamique entre l’Occident, le Maroc et l’Afrique”, souligne notre interlocuteur.
Selon lui, la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne va dans le sens de l’évolution de la politique extérieure du Maroc, qui a toujours réclamé l’intégrité de son territoire national.
L’ancien ambassadeur rappelle, par ailleurs, l’accord signé avec la Grande-Bretagne après le Brexit, à travers lequel elle reconnaît tous les produits issus du Sahara, comme étant libres d’entrée au Royaume-Uni. “Ce qui est en soi un grand pas dans le bon sens”, estime-t-il.
Par ailleurs, la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne a créé un besoin énorme en main d’œuvre. Selon plusieurs témoignages, rapportés par M. Faouzi, de nombreuses entreprises rencontrent des difficultés au niveau des recrutements. Selon notre interlocuteur, “le Maroc doit être parmi les premiers à prospecter et répondre à cette demande britannique. Il doit être la porte d’entrée en Afrique pour les Britanniques notamment à travers la place financière de Casablanca: Casablanca Finance City”.