Des dizaines d’enfants qui ont vécu dans les rues de Ceuta pendant trois mois depuis qu’ils ont traversé la plage de Tarajal, en mai dernier, craignent d’être arrêtés et emmenés au Maroc à tout moment. «Certains ne sont jamais entrés dans les centres d’accueil temporaire car ils ne font pas confiance au système de protection espagnol», «Les gens qui sont intéressés à rentrer reviendront. S’ils me rapatrient, je retournerai en Espagne», explique Ali*, âgé de seulement 15 ans, qui a un frère aîné à Algésiras et qui souhaite même quitter Ceuta vers l’Espagne. Pour cela, «il habite près du port et rêve de se faufiler dans un bateau et de traverser de l’autre côté du détroit». «Ma famille ne veut pas que je revienne. Quand ma mère a appris que j’étais ici à Ceuta, elle m’a dit de ne pas revenir, d’être fort et de rester ici», ajoute-t-il.
Tarek*, 17 ans, a passé la moitié de sa vie à Tanger et la moitié à Castillejos depuis laquelle il a traversé vers Ceuta en mai dernier. «Je me sens beaucoup mieux dans la rue que dans le centre (pour mineurs à Ceuta, ndlr). Là-bas, on étouffe. Ils ne nous laissent même pas sortir pour respirer de l’air», décrit-il. Hébergé auparavant dans le centre Santa Amelia, d’où 55 enfants ont été rapatriés vendredi vers le Maroc, il confie s’y être échappé il y a un mois. «Je suis parti parce qu’ils m’ont insulté et que les agents de sécurité ne m’ont pas bien traité», ajoute-t-il. «Je veux rester et aller dans la Péninsule. Il y en a très peu qui veulent retourner au Maroc et s’il me rapatrie, je reviendrai, à la nage ou autre», assure-t-il.