Le président de la République était, on ne peut plus, clair, depuis les premiers jours de sa législature, Il est incapable de cohabiter avec les islamistes et leur chef Ghannouchi. Et, de par sa responsabilité, il s’est, dès le début, fixé comme objectif, de soulager les tunisiens de ce parti et de ses pratiques.
Le blocage entre les deux hommes a été progressif et total. Les quelques rares occasions où ils ont été ensemble, on ne voyait que les étincelles jaillir. Ce qui était normal, puisque leurs visions de la politique étaient fondamentalement opposées. L’un pensant à ses intérêts, alors que l’autre n’avait de souci que pour celui des citoyens.
Désormais, et depuis deux jours, l’affrontement qui couvait, depuis le début, éclata au plein jour. Saïed s’étant juré de débarrasser les tunisiens de Ghannouchi et de sa troupe, alors que ce dernier, en désespoir de cause, s’est lancé dans une croisade contre le président, en entreprenant la formation d’un front national pour le contrer.
Le sujet est, donc, clos, et il ne saurait y avoir de réconciliation, ni de possible cohabitation.
Et dans ce genre d’affrontement, c’est, d’habitude, celui qui cogne le premier qui l’emporte, et celui qui fédère le plus, autour de lui, notamment à l’étranger, qui a le plus de chances de gagner. C’est ce que le Cheikh semble avoir compris, ce qui explique qu’il n’a pas perdu de temps dans la besogne, en entreprenant, au pied levé, sa riposte. Et chose intéressante, le Cheikh ne cache rien de son jeu. Mais bien au contraire, il fait tout pour que toutes ses actions et ses moindres faits et gestes soient médiatisés. Ce qui veut dire qu’il est en train de prendre à témoin le monde, et plus spécialement, ses alliés ou ses potentiels soutiens.
Or, en face, Kaïs saïed, semble marquer un temps d’arrêt. On dirait qu’il hésite. Un retard d’action et de réaction qui pourrait être perçu comme un signe de faiblesse dans l’autre camp. De même, la panique qui a secoué, la première nuit, ses adversaires, qui redoutaient un enchainement fatal des évènements, semble s’apaiser au fur et à mesure que le temps passe, et qu’il tarde à prendre les mesures qu’ils redoutaient. Ce qui leur a laissé le temps de se consulter entre eux et avec leurs soutiens à l’étranger, et qui les a enhardis et poussés à organiser leur défense.
On imagine bien que Kaïs Saïed a toutes les raisons du monde de peser ses pas, mais il devrait savoir que le moindre répit qu’il laissera à ses adversaires risque de se retourner contre lui !
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