L’ancien président sud-africain comparaissait ce matin pour outrage à la justice. Une peine qui fait suite à son refus de comparaître devant une commission anti-corruption.
La Cour constitutionnelle sud-africaine a condamné l’ancien chef d’état Jacob Zuma à 15 mois de prison pour outrage à la justice après son refus de se présenter devant la commission anti-corruption chargée d’enquêter sur la corruption généralisée pendant les neuf années au pouvoir de l’ancien-chef d’état.
Saisie par une commission anti-corruption, la plus haute juridiction a rendu ce verdict “à la majorité des ses membres“, a précisé la juge Sisi Khampepe. “La Cour constitutionnelle n’a pas d’autre choix que de conclure que Monsieur Zuma est coupable d’outrage à la justice“, a déclaré la magistrate avant l’énoncé de la sentence.
“Ce genre de réticence et de défi est illégal et sera puni“, a déclaré Mme Khampepe. “Je n’ai pas d’autre choix que d’emprisonner Monsieur Zuma, dans l’espoir que cela envoie un message sans équivoque ( …) l’Etat de droit et l’administration de la justice prévalent“, a t-elle ajouté, lui ordonnant de se rendre dans “les 5 jours”.
Depuis la création de la commission en 2018, Jacob Zuma, déjà mis en cause par une quarantaine de témoignages, multiplie les manœuvres pour éviter d’avoir à s’expliquer, empilant les recours ou faisant valoir son droit au silence.
Après une énième convocation à laquelle il ne s’est présenté fin février, la commission a réclamé une condamnation à deux ans de prison contre l’ancien chef d’Etat. L’ex-président cette fois-là avait non seulement ignoré la commission mais aussi une décision rendue en janvier par la Cour, l’obligeant à comparaître et le privant du droit à garder le silence.
Sanction appropriée
Lors d’une audience virtuelle en mars, l’avocat de la commission, Tembeka Ngcukaitobi, a estimé que la question n’est plus de savoir si l’ex-président doit aller en prison, mais “combien de temps il doit y rester“. Le statut d’ancien président de Jacob Zuma “ne le protège pas de la loi“, a-t-il martelé.
Quelques semaines plus tard, dans une requête plutôt inhabituelle, la justice sud-africaine a demandé à l’ex-président de déterminer lui-même “la sanction appropriée“, en prévision de l’audience de mardi.
Jacob Zuma, 79 ans, n’a témoigné qu’une seule fois devant la commission anti-corruption, en juillet 2019. Il avait rapidement claqué la porte, s’offusquant d’être traité comme un “accusé“.
Englué dans les scandales, il avait été poussé à la démission en 2018. Il a été remplacé par l’actuel président, Cyril Ramaphosa, qui a fait de la lutte contre la corruption un cheval de bataille mais a lui-même été appelé à témoigner devant la commission.
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