Des partis d’opposition ont critiqué la gestion par le gouvernement de la crise migratoire entre Fnideq et Sebta. La FGD et l’Istiqlal ont pointé les politiques de développement insuffisantes dans les régions du Nord.
La Fédération de la gauche démocratique (FGD) a critiqué, dimanche, la gestion du gouvernement marocain de la crise de Ceuta, qui selon la formation qui regroupe le PSU, le CNI et le PADS, remet en question l’accès à la justice territoriale à géométrie variable. Elle dénote, d’un autre côté, de «la tendance coloniale» de l’Espagne dans les «régions septentrionales occupées». Dans un communiqué, la FGD a fait part de sa «grande inquiétude» face au mouvement de plus de 8 000 Marocains vers l’enclave espagnole, «y compris des jeunes et des enfants, en plus de ressortissants d’Afrique subsaharienne».
La fédération a considéré cet exode comme «une condamnation explicite des choix politiques successifs, dont l’intensité s’est récemment accrue avec la crise sociale due à la propagation de la pandémie de la Covid-19 et les conséquences sur le taux de chômage chez la jeunesse, ainsi que l’expansion de la pauvreté, surtout dans les régions qui manquent encore de développement et de garanties d’une vie décente pour leurs habitants, comme c’est le cas dans les villes de M’diq et Fnideq», voisines des enclaves espagnoles. Elle a considéré les faits comme une «conséquence inévitable des choix impopulaires de l’Etat marocain et de ses politiques, qui ont exacerbé les disparités sociales». La FGD rappelle ainsi que «la dignité des citoyens est une priorité fondamentale sur laquelle repose la dignité de la patrie».
Par ailleurs, la formation a noté que les événements rappelaient «l’histoire de l’intervention coloniale espagnole dans le nord et le sud du Maroc et les abus qui y sont associés, dont les conséquences se poursuivent encore aujourd’hui». Elle considère que «toutes les questions nouvelles et anciennes, dont le dossier de la récupération par le Maroc de Ceuta, Melilla et les îles Zaffarines, doivent être résolues par le dialogue et la négociation, loin de toute menace ou chantage, sur la base des principes de bon voisinage et de maintien des intérêts communs». La déclaration écrite a également souligné que la libre circulation est un droit constitutionnel garanti par les dispositions nationales et par les conventions internationales.
L’Istiqlal pointe l’abandon des régions du Nord
Pour sa part, le parti de l’Istiqlal (PI) a reproché au gouvernement d’avoir longtemps tourné le dos aux problématiques socio-économiques des zones du Nord en manque d’opportunités de développement, particulièrement M’diq et Fnideq, rattrapées par les récentes actualités. Par le biais de son secrétaire général, Nizar Baraka, qui a dernièrement pris part à un événement de la formation, le parti a rappelé avoir longtemps fait parvenir des propositions concrètes au gouvernement El Othmani, afin de permettre aux jeunes de la région de bénéficier de projets socio-économiques, sans les pousser à songer à la migration contrainte. Selon lui, «ces propositions sont restées lettre morte».
Dans le sillage des mouvements sociaux comme le Hirak du Rif et de Jerada, l’Istiqlal a «présenté un mémorandum au chef du gouvernement pour dynamiser les zones frontalières» et éviter un tel mouvement d’exode, «qui s’est produit au risques et périls de la vie de milliers de citoyens», a insisté Nizar Baraka. Ce dernier s’est interrogé sur les raisons de «l’inaction» de l’exécutif, qui a pris acte des propositions, sans les porter au débat public.