Le 118e vendredi du hirak, qui coïncide avec le lancement de la campagne électorale pour les législatives du 12 juin prochain, a été marqué, à Béjaïa, par la multiplication des appels au boycott.
Peu avant l’arrivée des manifestants, un dispositif sécuritaire a été déployé à proximité de l’esplanade de la Maison de la culture. Un barrage filtrant est installé près de ce point de rendez-vous des marcheurs. Des agents de la BMPJ contrôlaient les bus et inspectaient tous les véhicules remplis de passagers, les interrogeant sur leur destination. En allant traverser la route pour se rendre dans la direction de l’esplanade, trois jeunes se sont fait contrôler leur identité avant d’être embarqués dans un fourgon cellulaire.
Les véhicules de la police antiémeute commençaient à se retirer au moment de l’arrivée, en trombe, d’une foule de manifestants aux cris de «Dawla madania, machi askariya !». Outre les slogans et chants habituels du mouvement, les manifestants ont exprimé leur rejet de cette joute électorale, car convaincus que le contexte actuel et les conditions politiques ne sont pas réunis pour l’organisation d’une telle élection. Parmi les revendications soulevées par les manifestants, en priorité, «la libération des détenus d’opinion et l’arrêt de l’escalade de la violence et la répression contre ce mouvement pacifique». La marche d’hier s’est voulue être un «Référendum populaire pour dire non aux élections». La foule, nombreuse, l’a signifié à travers des slogans comme «Ulac lvote !» (Pas de vote), «Il n’y aura pas d’élections avec la îssaba !», ou encore «Il n’y aura pas d’élections avant la construction du pays !». Arrivés au rond-point de Dawadji, au centre-ville, un groupe de jeunes s’est dirigé vers le panneau d’affichage électoral installé la semaine dernière pour l’arracher et le jeter par-dessus la clôture du chantier du futur bâtiment de l’APW, sous les applaudissements de la foule et la désapprobation de certains marcheurs. Des voix se sont également élevées pour dire au pouvoir que «le mouvement se poursuivra malgré les arrestations en masse des militants, la répression et l’interdiction des marches dans plusieurs régions du pays et les tentatives d’empêchement des manifestations».