Le Haut Conseil de sécurité (HCS), réuni hier sous la présidence de Abdelmadjid Tebboune, a décidé de classer Rachad et le MAK sur la «liste des organisations terroristes» et de «les traiter comme telles».
Le HCS «s’est penché sur les actes hostiles et subversifs commis par les mouvements dits Rachad et MAK pour déstabiliser le pays et attenter à sa sécurité, et a décidé, dans ce cadre, de les classer sur la liste des organisations terroristes et de les traiter comme telles», a indiqué un communiqué rendu public à l’issue d’une réunion périodique de cette instance consacrée à l’évaluation de la situation générale du pays sur les plans politique et sécuritaire.
Le communiqué publié en fin d’après-midi d’hier précise davantage le contenu d’un précédent texte rendu public début avril dernier par la même instance. En effet, le HCS a accusé, lors de sa réunion tenue le 6 avril dernier, des «milieux séparatistes» et des «mouvances illégales proches du terrorisme» d’«exploiter» les marches hebdomadaires sans toutefois préciser lesquels. Le ton très martial du communiqué de la Présidence intervient dans un contexte marqué par la poursuite des marches du mouvement populaire, alors que les autorités veulent poursuivre leur feuille de route, à savoir la tenue des élections législatives du 12 juin prochain. Dans son communiqué d’hier, le chef de l’Etat s’est dit «dit satisfait des efforts consentis par les institutions de l’Etat pour assurer le déroulement du rendez-vous électoral dans de bonnes conditions».
A l’approche de ce rendez-vous électoral boycotté par l’opposition, la répression ciblant les citoyens et les organisations hostiles à la tenue du prochain scrutin s’est intensifiée. L’une des mesures prises par les autorités porte sur l’«impératif du respect des procédures légales» avant l’organisation de toute manifestation publique. Le dimanche 9 mai dernier, le ministère de l’Intérieur a indiqué en effet que les organisateurs des marches sont tenus à déclarer les noms des responsables de l’organisation de la marche et des heures de son début et de sa fin, précisant que le non-respect de ces procédures «dénue la marche de tout caractère légal».
D’aucuns s’interrogent sur les implications pratiques de la décision inédite de l’«instance consultative» rattachée à la présidence de la République. Quelles seront les mesures immédiates qui devront être prises à l’égard de ces organisations dont les responsables sont installés à l’étranger ?
Quelles seront les conséquences d’une telle annonce sur l’exercice des libertés publiques, des opposants craignant d’être poursuivis pour appartenance à ces organisations qualifiées de «terroristes». Il y a lieu de s’interroger également sur la réaction des responsables de ces deux mouvements. Par ailleurs, le Haut Conseil de sécurité a examiné les mesures relatives à «l’ouverture des frontières aériennes et les conditions devant être remplies par les voyageurs, avec le maintien des frontières terrestres fermées, sauf en cas de nécessité», a indiqué le communiqué de la Présidence, soulignant que «les mesures détaillées seront définies par un décret exécutif».