En pleine transition démocratique, le Soudan multiplie les réformes et négociations avec les partenaires pour créer les conditions nécessaires à la relance économique. Dans ce processus, Paris s’est placé en pole-position des soutiens occidentaux de Khartoum depuis la chute d’Omar el-Béchir en 2019.
Le Soudan vient d’obtenir l’annulation de 5,4 milliards de sa dette envers la France et l’Allemagne. L’annonce a été faite le lundi 17 mai, à l’occasion de la conférence internationale d’appui à la transition soudanaise.
Dans un discours prononcé à l’occasion de la conférence de presse clôturant la rencontre, le président français Emmanuel Macron a annoncé que l’Hexagone était disposé à renoncer au recouvrement de ses créances envers le Soudan. « Nous sommes en faveur d’une annulation pure et simple de notre créance envers le Soudan, qui est comme vous savez, la plus importante parmi les membres du Club de Paris. Nous sommes en faveur de l’annulation de près de 5 milliards $ », a déclaré le chef d’Etat.
Cette annonce intervient après que le ministre français de l’Economie, Bruno Lemaire, a annoncé un prêt-relais de 1,5 milliard $ de l’Elysée pour aider Khartoum à apurer ses arriérés envers le Fonds monétaire international (FMI). Cette démarche s’inscrit dans le cadre du processus d’allègement du fardeau de la dette du Soudan qui espère bénéficier dans les prochains mois de l’initiative pays pauvres très endettés (PPTE) concernant sa dette extérieure estimée à 60 milliards $.
« Pour commencer l’allègement de la dette soudanaise, il fallait remplir deux conditions essentielles. D’un côté le règlement des arriérés du Soudan auprès des institutions financières multilatérales (FMI, Banque mondiale, BAD), de l’autre, la mise en œuvre par le Soudan de réformes économiques montrant le sérieux et la rigueur des nouvelles autorités. Je peux très clairement vous dire aujourd’hui que ces deux conditions sont remplies. La présente conférence est un succès, et les conditions qui seules, permettaient d’ouvrir l’initiative de réduction de la dette dite PPTE ont bien été remplies », a déclaré Emmanuel Macron.
Et d’ajouter : « nous avons pris nos responsabilités pour permettre au Soudan de régler ses arriérés […] Les nouvelles autorités soudanaises ont-elles aussi rempli leur part du contrat […] Tout est donc réuni, nous pouvons avancer vers le lancement du processus de réduction de la dette. Ce processus sera officialisé dans quelques semaines par le FMI […] Chacun pourra alors dire quel effort il pourra consentir ».
Faut-il le rappeler, depuis son retrait de la liste noire américaine des pays sponsors du terrorisme, le Soudan a réussi à régler une dette de près de 1,2 milliard $ contractée auprès de la Banque mondiale, grâce à un précédent prêt-relais obtenu des USA. En avril, ce sont 413 millions $ dus à la Banque africaine de développement (BAD) qui ont également été remboursés grâce à un prêt conjoint du Royaume-Uni et de la Suède. D’ici juin, le pays est-africain devrait obtenir à des garantis de la part de plusieurs autres de ses créanciers bilatéraux pour une restructuration de sa dette dans le cadre de l’initiative PPTE.
Notons que l’Allemagne s’est elle aussi engagée à effacer plus de 440 millions $ de ses créances envers le Soudan, d’après un communiqué du ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas. Berlin prévoit également d’accorder environ 109 millions $ à Khartoum pour l’aider à apurer ses arriérés envers le FMI.
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