Ce qui a tant été redouté a fini par se produire. Placées sous le signe du renouveau, les prochaines élections législatives font courir des centaines de figures de l’ancien régime. Dans la wilaya de Boumerdès, même les élus dont l’image a été ternie par des affaires de malversation veulent avoir leur place dans le futur Parlement.
Selon nos sources, au moins 90 dossiers de candidature ont été rejetés par l’Anie, laquelle a validé 33 listes, dont 19 de partis et 14 indépendantes. Cette instance s’est lancée depuis quelques jours dans une véritable opération d’épuration des listes. Parmi les candidatures refusées figurent celles des ex-députés Saïd Zouar du MSP et M’hamed Abaziz de Sawt El Chaâb.
Le premier ayant été condamné pour avoir procédé à un branchement illicite au réseau électrique. Tandis que le second (M. Abaziz), connu pour être un entrepreneur, s’est vu notifié comme motif «enquête administrative négative», mais il a été réhabilité avant-hier par la chambre administrative.
Bien que désavoués par le discours officiel, de nombreux hommes d’affaires vont finalement prendre part aux joutes du 12 juin au niveau local. Ce rendez-vous verra également la participation de caciques du système, à l’instar de l’ex-députée FLN Faiza Ath Ahmed. D’autres ex-députés, comme Djemâa Rekkas du MPA et Hassan Bouzad (indépendant), ont, quant à eux, cédé la place à leurs fils sur les listes.
Autant de données qui ajoutent une couche de discrédit aux futures élections déjà rejetées par le hirak et les partis de l’opposition. Aussi, 90% des élus de l’APW et de nombreux ex-P/APC suspendus par le wali ou cités dans des affaires de corruption se sont également portés candidats, mais leurs dossiers ont été pour la plupart rejetés par l’Anie.
Ces rejets à la pelle ont été décidés en application de l’article 200 de la nouvelle loi électorale. Cette disposition, qui définit les conditions de candidature à l’APN, contient huit alinéas dont le septième est jugé «vague et ouvre la voie à tous les abus», selon Me Afif Chaouch Necereddine. Il y est stipulé que le candidat ne doit pas être «connu de manière notoire pour avoir eu des liens avec l’argent douteux et les milieux de l’affairisme et pour son influence directe ou indirecte sur le libre choix des électeurs ainsi que sur le bon déroulement des opérations électorales».
A noter, enfin, que l’Anie a rejeté définitivement au moins trois listes de candidature, jugées non conformes, dont celles des partis El Nahdha d’El Fadjr El Djadid, omposée majoritairement de transfuges du MPA et d’anciens du RND.