Pressées d’atteindre des niveaux importants d’inclusion financière, les banques de la place ont entamé, suivant les directives du ministre des Finances, une campagne de sensibilisation d’un mois sur l’inclusion financière.
Ainsi, durant tout le mois d’avril, les banquiers et commerciaux des différents établissements financiers ont envahi les espaces publics, à l‘instar des universités, espaces commerciaux, et centres de formation, voire même des entreprises afin de de faire connaître aux visiteurs ou aux personnes intéressées les nouveaux produits liés à la finance islamique, ainsi que les conditions de l’accessibilité. Les autorités misent gros sur ces produits pour drainer une partie de la masse monétaire circulant hors circuit bancaire. Au niveau de la BNA, pas moins de 250 actions ont été menées depuis le 6 avril et prendront fin aujourd’hui.
Selon le chef de division exploitation et action commerciale, au niveau de la BNA, Smail Chaalal, les agents de la banque se sont rapprochés de pas moins de 61 établissements de formation professionnelle et de l’enseignement supérieur, ainsi que d’autres espaces publics pour expliquer à la population le fonctionnement des nouveaux produits. Selon M. Chaalal, le constat a été fait de l’intérêt porté par les citoyens qui ont visité les stands, notamment pour certains produits, tels que la carte CIB islamique ou bien la carte CIB pour l’épargne.
Notre interlocuteur n’a pas donné plus de détails sur les résultats réalisés par les guichets de la finance islamique au niveau de la BNA. Il préfère attendre jusqu’au mois de juin, lors de l’établissement des bilans. Il s’est contenté de dire qu’il y a «plusieurs milliers de comptes ouverts ainsi que plusieurs milliards de dinars récoltés». Mais sans chiffres, il n’est pas possible d’évaluer la réussite de l’opération.
Selon un banquier au niveau d’une banque étrangère en Algérie, le flux n’est pas très important. «Ils sont en train d’essayer de convaincre des entreprises qui sont clientes chez nous pour qu’elles transfèrent leurs comptes vers la finance islamique.» Pourtant, l’opération est destinée à convaincre ceux qui ont de l’argent hors circuit bancaire et non pas ceux qui sont déjà domiciliés.
En effet, jusqu’à présent, on refuse de communiquer les résultats, même approximatifs, de ce qui a été réalisé par les produits de la finance islamique, ni l’association des banques ni le ministère des Finances.
Toutefois, Aymen Benabderahmane, le ministre des Finances, n’en démord pas en soulignant récemment que des rencontres sont programmées entre certains détenteurs de ces capitaux de l’informel et les représentants des banques pour leur redonner confiance et les convaincre de bancariser une partie de leur argent. Avant-hier, lors de sa visite à la wilaya de Blida, il a lancé un appel aux opérateurs en possession de grandes sommes d’argent à les «déposer au niveau des banques».
Il a signalé que ces fonds seront destinés au «financement de projets économiques qui permettront une relance effective de l’économie nationale et de rétablir la valeur de la monnaie nationale», car «la valeur de la monnaie d’un pays est tributaire de la force de son économie, et la préservation de cette valeur est un défi national à relever, avec les efforts concertés de tous les opérateurs économiques», a souligné encore le premier argentier du pays.
Des spécialistes de la finance estiment en effet que les produits proposés par les banques actuellement peuvent drainer jusqu’à 15% de l’argent qui circule hors circuit bancaire.