La grogne sociale touche également les agents de la Protection civile. Pour crier leur ras-le-bol, des centaines de pompiers, en uniforme officiel, ont battu le pavé, hier, à Alger.
Armés de «silmiya» (pacifique) qu’ils ont scandé tout au long de leur marche, qui les a menés jusqu’au siège de leur direction générale, sise à Hydra, sur les hauteurs d’Alger. Initialement, les protestataires ont voulu atteindre le siège de la Présidence, à El Mouradia, où s’est tenue une réunion du Conseil des ministres…
Retour sur l’action inopinée de l’un des corps constitué qui force le plus le respect des citoyens. En colère depuis quelques jours, les agents de la Protection civile se sont donné rendez-vous, en catimini, pour une démonstration de force dans les rues de la capitale. Le lieu du rendez-vous est fixé, à 10h, devant le siège de l’UGTA au Champ des manœuvres.
Mais les premiers manifestants arrivés sur place ont été surpris de buter sur un important dispositif policier qui a quadrillé les lieux. Ils ont été alors contraints de se replier vers la place Aissat Idir, où se situe aussi une station de bus. Regroupés à l’intérieur, les manifestants ont été ensuite pris en tenaille entre deux cordons de forces antiémeute qui tentaient de les empêcher d’entamer leur marche.
C’était sans compter sur la détermination des pompiers, dont la patience a visiblement atteint ses limites. Ces derniers ont réussi, quelques minutes plus tard, à forcer ce cordon de sécurité et entamer leur marche en direction de la place du 1er Mai, avant de prendre la direction de l’avenue du colonel Ali Mellah pour progresser en direction d’El Mouradia.
La procession a été stoppée, dans un premier temps, à proximité de la place Addis-Abeba, où des policiers ont bloqué le chemin à l’aide de camions anti-barricades.
Là encore, les agents de la Protection civile ont réussi à contourner ce dispositif pour rejoindre la rue menant vers le siège d’El Mouradia, en scandant : «Silmiya, Silmiya, nos revendications sont légitimes !» Mais ils sont stoppés à nouveau à proximité de l’hôtel El Djazaïr (ex-St George). Pour les forcer à rebrousser chemin, les policiers ont lancé des bombes lacrymogènes.
Refusant de reculer, les manifestants ont été aspergés du même produit. En larmes à cause des effets du gaz lacrymogène, les manifestants applaudissent les policiers. «Bravo !» lancent-ils à leur adresse.
Une manière de leur reprocher le recours à la répression des manifestations pacifiques. Faisant toujours preuve de volonté à aller au bout de leur action, les protestataires ont contourné à nouveau le cordon pour progresser vers leur destination. Ayant buté sur une autre muraille de policiers qui ferme carrément le passage vers El Mouradia, les marcheurs vont en direction de la rue Souidani Boudjemaa, pour reprendre le chemin vers la Direction générale de la Protection civile, située à Hydra.
Tout en dénonçant l’usage du gaz lacrymogène par les policiers, les contestataires affirment que le «syndicat ne les représente pas». Ils mettent aussi en avant leurs sacrifices, notamment en cette période de crise sanitaire, où, comme le corps médical, ils ont, eux aussi, payé un lourd tribut. Avant l’action d’hier, les agents de la Protection civile avaient organisé, en avril dernier, deux mouvements de grève et des sit-in devant les sièges de leurs directions à travers plusieurs wilayas du pays.
Ils exigent la «revalorisation de leur salaire de base de 15 660 à 24 000 DA» et «la révision du point indiciaire de 45 à 90 DA», avec «l’annulation de l’impôt sur le revenu» et «l’augmentation de le prime de rendement à 40%». De plus, ils réclament aussi «un statut particulier», «la révision de leurs catégories de classement (échelons)» ainsi que des indemnités financières pour les 80 heures travaillées par semaine.http://algerie.360.com