La photo du roi de Bahreïn, Hamad Ben Isaa et de l’Ouléma Abdallah Al-Ghrifi, reflète uniquement un entretien bilatéral. Aucun indice n’affirme que cet entretien, dont l’importance a été exagérée par les autorités bahreïnies, jettera les fondements de solutions décisives qui font sortir le royaume de l’impasse de la crise datant depuis 10 ans.
En effet, il n’est point compliqué de comprendre l’objectif posé par Al-Khalifa, de cet entretien. Plusieurs réunions similaires ont eu lieu, durant lesquelles la même méthode a été adoptée, ce qui remet en question la confiance en le régime, dont le registre abonde de tentatives d’exploitation de toute affaire ou détail.
Depuis 5 ans, (25 avril), Hamad Ben Issa a reçu plusieurs oulémas et dignitaires religieux. Le thème de la visite était de présenter les félicitations à l’occasion du mois de Ramadan. Le roi a tenu à distribuer des photos qui le montrent souriant durant l’entretien alors que ces expressions étaient absentes des visages des visiteurs.
En décembre dernier, sayed Al-Ghrifi s’est rendu dans le palais Al-Safria, au terme de 10 ans de boycottage. Ces années durant lesquelles les pressions se sont intensifiées contre l’opposition politique et populaire. Chaque personne qui réclame la justice tombe en martyre ou est placée en prison.
Des sources importantes de l’opposition bahreïnie ont qualifié cet entretien de «perte de temps, pas plus».
Et d’expliquer: «Celui qui veut vraiment régler le problème et entamer un dialogue avec l’opposition à la suite de plusieurs années de répression, de prison, d’abus, de négligence de meurtre et d’exécution, ne se contenterait pas d’une image formelle, n’ayant aucun effet sérieux».
Selon la source, sayed Abdallah Al-Ghrifi ne ferme jamais la porte devant le régime à partir de son statut religieux, alors que le pouvoir guette toute chance pour promouvoir sa propagande auprès de l’opinion publique étrangère avant l’opinion publique locale.
Rien d’important dans cet entretien, sauf qu’il a brisé, au minimum, la rupture totale entre l’opposition et le régime. Ce dernier qui n’a pris aucune initiative significative.
En effet, ceux qui suivent la situation politique et légale à Bahreïn, comprennent parfaitement que le renforcement des mesures sécuritaires dans le royaume, n’est point en harmonie avec la prétendue ouverture aux réclamations du peuple et ses représentants.
Le roi libèrera-t-il environ deux mille détenus politiques dans les prisons? Les autorités traiteront-elles ces détenus avec humanité et assureront le traitement à ceux dont la santé s’est détériorée, notamment dans la prison Jaw? Autoriseront-t-elles aux symboles de l’opposition d’agir avec liberté après les avoir réprimés? Restitueront-t-elles la nationalité confisquée à plusieurs personnes? Autoriseront-elles la prière collective et celle du vendredi dans la localité Al-Darraze?
Des interrogations réalistes que posent les sources. «Les autorités cesseront-elles les actes de violences contre une large communauté religieuse de la population et le parlement sera-t-il en mesure de pratiquer son rôle de responsabilisation du gouvernement» ont ajouté les sources bien informées.
Bien que le spectacle soit obscur à Bahreïn, on juge qu’un certain changement se profile à l’horizon. C’est ce qu’affirment les sources bahreïnies.
Selon les données, les récentes démarches entreprises par le roi sont en harmonie avec l’accalmie dans la région, à la lumière notamment des dernières positions du prince héritier de l’Arabie saoudite, Mohammad Ben Salmane et son ton régressif à l’égard de l’Iran. Il avait indiqué, contrairement au passé, que l’Iran est un pays voisin, notant vouloir de bonnes relations avec ce pays, lui souhaitant la prospérité.
Pour l’opposition bahreïnie, la question est donc liée au dialogue irano-saoudien. C’est dans ce contexte que s’inscrit la remise en liberté de la détenue Zakia Al-Barbouri, arrêtée depuis 3 ans lors d’une campagne de perquisition des demeures des citoyens dans le village Al-Noueidrat.
L’opposition surveille attentivement la situation à Bahreïn, marquée par un début de détente, mais le manque de confiance en le pouvoir et son atermoiement continue, ne la rassure pas, en attendant la solution globale de la crise, qui restitue les droits aux citoyens.
En dépit des appréhensions, l’opposition est toujours ouverte à toute démarche positive.
La haute référence religieuse, cheikh Issa Qassem, avait proposé et conseillé la voie à suivre pour sortir de la crise compliquée. Il a souligné que le règlement de la crise, menaçant de destruction totale, compte sur l’attitude du régime, qui doit revenir sur ses erreurs.
Il a appelé le pouvoir à conclure un accord avec l’opposition sur une nouvelle situation constitutionnelle et institutionnelle, qui préserve les droits des citoyens et reconnait leur statut souverain dans la politique nationale.
On évoque également la position du secrétaire général adjoint de l’Association islamique Al-Wifaq, cheikh Hussein Al-Dihi, qui a affirmé que toute démarche positive prise par le prince héritier, sera reçue par des démarches plus positives.
C’est le royaume du retweet. Il attend les évolutions de la région, pour cesser la répression de son peuple, ou peut-être pour faire une pause, avant de relancer ses abus dans d’autres circonstances.
AlAhed