(Reuters) – La Tunisie est confrontée à une véritable crise des finances publiques qui pourrait la déstabiliser et avoir des répercussions sur la région de la Méditerranée centrale.
Les pays européens ont proposé une aide d’environ un milliard d’euros pour tenter d’amener la Tunisie à accepter un programme du Fonds monétaire international (FMI), mais l’offre devait être finalisée avant la réunion du Conseil européen de jeudi et reste inachevée.
Cet article explique pourquoi la Tunisie est en difficulté, les difficultés rencontrées pour obtenir un renflouement étranger et l’évolution possible de la situation.
POURQUOI LES FINANCES DE LA TUNISIE SONT-ELLES DANS LE PÉTRIN ?
L’économie a subi des coups durs répétés depuis qu’elle a été ébranlée par la révolution de 2011.
Les attaques militantes meurtrières de 2015 ont mis à mal l’important secteur du tourisme et la pandémie de COVID de 2020 a entraîné une contraction de l’économie de 8,8 %. La sécheresse a dévasté l’agriculture, aggravant le déficit commercial.
Au cours de la dernière décennie, des coalitions gouvernementales fragiles ont continué à esquiver les décisions difficiles. Les analystes affirment qu’elles n’ont pas réussi à s’attaquer aux puissants intérêts commerciaux qui entravaient la concurrence. Et elles se sont attaquées au chômage en embauchant à outrance dans les entreprises publiques, qui sont devenues non rentables.
En 2021, le FMI a déclaré que la masse salariale de l’État représentait environ 18 % du produit intérieur brut, soit l’une des plus élevées au monde, tandis que les subventions représentaient 8 % du PIB et que les dettes des entreprises publiques déficitaires représentaient 40 % du PIB.
L’année dernière, le déficit budgétaire de la Tunisie s’est élevé à 10 % du PIB et sa dette a atteint 77 % du PIB. Les besoins d’emprunts extérieurs pour cette année ont été estimés à plus de 5 milliards de dollars.