Rabat – Ahmad Jawad, le dramaturge qui s’est immolé par le feu devant le ministère de la Culture à Rabat lundi, est décédé aujourd’hui des suites de ses brûlures.
L’artiste est décédé à l’hôpital Ibn Sina de Rabat, où il avait été transporté après s’être immolé, selon des informations convergentes.
L’homme s’est versé une substance inflammable sur le corps au milieu de la rue et s’est enflammé. Des passants se sont précipités pour le secourir alors qu’il gisait sur le sol en flammes devant le bâtiment du ministère.
Après avoir été secouru à l’aide d’un extincteur, il a été transporté en ambulance à l’hôpital Ibn Sina pour y être soigné.
Immédiatement après l’incident, le ministère l’a identifié et a ajouté qu’il avait pris sa retraite en octobre 2021, affirmant qu’il “jouissait de tous les droits qui lui sont garantis par la loi”.
Peu de temps après, cependant, des informations sont apparues selon lesquelles la personne en question avait été poussée à agir par les mauvaises conditions de vie dans sa vie de retraitée. Selon des rapports convergents, Jawad recevait un salaire dérisoire de 1800 dirhams (177 dollars) pendant sa retraite, ce qui lui permettait difficilement de payer les produits de première nécessité dans un contexte de hausse des prix.
Il avait également protesté contre le refus du ministère de soutenir certaines de ses œuvres théâtrales, qui lui auraient permis d’alléger ses difficultés financières.
La situation financière de Jawad est devenue si grave qu’il a été contraint de se rendre sur les réseaux sociaux et de supplier pour que ses enfants aient de la nourriture et des médicaments.
“Quiconque connaît cet artiste est prié de lui donner un coup de main, car il souffre de très mauvaises conditions, en particulier depuis la décision du gouvernement d’interdire les représentations théâtrales”, a-t-il écrit dans un message publié sur Facebook, accompagné de sa photo. “Je vous supplie, Monsieur le Ministre. Qui va m’acheter des médicaments et nourrir mes enfants ?”.
Ce message était une lettre ouverte adressée au ministre marocain de la culture, Mehdi Bensaïd, l’appelant également à nommer des fonctionnaires qui ont l’amour et le respect des arts, et “pas quelqu’un qui déteste l’art et méprise les artistes”.
M. Jawad est entré dans le monde du théâtre dans les années 1970, à l’apogée de cet art au Maroc. Il a commencé sa carrière à Oujda, où il a manifesté des décennies plus tard pour empêcher la démolition de la salle de théâtre de la ville.
Ses œuvres comprennent des pièces comme La Tortue, Lui, et Que Dieu ait pitié de Mi Tammou. En 2016, il a présenté Une leçon d’amour, une pièce pour laquelle il a entamé une grève de la faim afin d’obtenir un financement.