Conscientes du grand potentiel que peut engendrer l’activité du troc dans les régions frontalières, les autorités ont entamé la mise en place de mesures pour renforcer et structurer cette activité dans le grand sud du pays.
Grande mobilisation du gouvernement, qui a dépêché hier plusieurs ministres à Tamanrasset. L’Exécutif table sur ce type d’échange commercial pour diversifier l’économie et développer la région.
Intervenant hier lors d’une journée nationale sur l’activité de l’exportation des produits agricoles et le troc vers les pays du Sahel en Afrique, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Abdelhamid Hamdani, a souligné qu’il est important d’organiser cette activité afin de permettre aux personnes concernées d’avoir des moyens nécessaires, notamment en termes de logistique et infrastructures de base, pour soutenir ces activités commerciales, mais aussi pour lancer des investissements dans la transformation des produits qui arrivent des pays voisins. Autant d’objectifs qui permettront de relancer les investissements et le développement dans les régions frontalières.
C’est l’objectif de cette journée organisée hier par la Chambre nationale d’agriculture de Tamanrasset, qui a vu la mobilisation d’une importante délégation ministérielle, accompagnée d’organisations patronales, qui ont rejoint la capitale de l’Ahaggar.
Un déplacement qui a permis de faire un constat sur le terrain et d’échanger avec les opérateurs de cette région, qui ont mentionné à cette occasion plusieurs entraves qui les empêchent d’améliorer leur commerce avec les pays voisins.
En effet, les opérateurs ont fait des critiques sur la législation actuelle, qui limite la liste des produits susceptibles au troc à 14 pour l’exportation et 36 pour les importations.
En outre, les passages frontaliers sont ouverts uniquement une fois par mois et les services des Douanes exigent la facturation des produits. Il est soulevé, par ailleurs, un manque flagrant dans la logistique et les moyens de contrôle sur ces produits commercialisés.
Des réponses étaient attendues des membres du gouvernement. Le ministre de l’Agriculture a annoncé que «tous les produits quelles que soient leurs natures peuvent être éligibles aux opérations de troc». Pour le problème lié aux factures qui a été de tout le temps posé, M. Hamdani a déclaré : «Nous avons demandé à ce que les Douanes se contentent d’un bon de livraison, qui portera les références des agriculteurs producteurs.»
Pour sa part, le ministre du Commerce, Kamel Rezig, a fait le bilan de son secteur, où il a évoqué l’existence de 279 registres de commerce pour l’activité du troc, avec une importation de 210 000 tonnes de produits en 2020, pour un montant de 464 millions de dinars, contre l’exportation de 370 000 tonnes pour un montant de 365 millions de dinars. Près de 99% des exportations portent sur les dattes sèches.
- Rezig a souligné l’intention de son département d’élargir la liste des produits autorisés au troc, ainsi que la mise en place de primes pour les opérations d’exportation des produits à courte durée de validation, ainsi que des primes supplémentaires pour les exploitations terrestres dans les régions du Sud.
5 milliards de dinars d’échanges annuellement
Les représentants des organisations patronales, à l’instar de Sami Agli, président de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CNPC), qui a fait le déplacement à Tamanrasset, ont appelé à la levée des entraves d’investissement dans le Grand Sud. «L’Etat doit jouer son rôle» car «on ne peut pas continuer dans une économie rentière», a souligné M. Agli. Il a affirmé que «le marché africain est notre environnement naturel et nous n’avons plus de temps à perdre».
De même, pour Abdelouhab Ziani, président de la Confédération des industriels et des producteurs algériens (CIPA), qui a proposé la création d’une zone de libre-échange avec les pays frontaliers, comme le Mali et le Tchad, et d’exploiter tout le potentiel existant entre les commerçants de ces pays du Sahel.
En effet, au-delà, des chiffres officiels, certains spécialistes du commerce ont estimé que les échanges entre l’Algérie et les autres pays frontaliers du Sud atteignent facilement les 5 milliards de dinars par an, spécialement dans l’échange des dattes sèches. En contrepartie, les Algériens demandent beaucoup de cheptel, mais avec des valeurs moins importantes.
A noter que le trafic de la contrebande se mêle aussi à ces opérations et constitue un danger pour la santé des citoyens, d’où l’intérêt des autorités de mettre de l’ordre dans cette activité afin de contrôler la qualité des produits échangés. En mettant en place un cadre législatif et logistique, les autorités espèrent contribuer au développement socioéconomique dans cette région exposée à plusieurs dangers.http://www.el watan.com