Le beau temps hier à Constantine a été favorable pour que des centaines de manifestants rejoignent la marche traditionnelle du vendredi.
Pour éviter tout contact avec le dispositif de la police déployé sur la place des Martyrs et les ruelles environnantes, la marche a été entamée à partir de la rue Ben M’hidi pour se poursuivre sur les allées Ben Boulaïd, avant de reprendre le circuit classique à partir de l’avenue Messaoud Boudjeriou.
La foule, qui se renforçait au fil du temps, reprenait les slogans classiques du hirak, hostiles au pouvoir, aux militaires, aux services spéciaux, aux médias pro-pouvoir mais aussi aux législatives de juin prochain.
Le retour progressif du drapeau amazigh a été très remarqué, ainsi que les portraits des icônes de la Révolution, à l’instar de Ben M’hidi, Zighoud Youcef, Ben Boulaïd, mais aussi Hocine Aït Ahmed et Benyoucef Ben Khadda, aux côtés des pancartes appelant à la libération des détenus du mouvement populaire. « Deux ans après, le pouvoir ne veut pas céder, et nous aussi nous continuerons à marcher tant que les revendications du hirak n’ont pas été satisfaites ; nous aspirons à un changement radical et non pas un changement de façade comme le pouvoir est en train de vouloir le faire croire au peuple ; mais ce dernier n’est pas dupe», a lancé un vieux retraité, devenu l’une des figures du mouvement à Constantine.
A Annaba, et sous un soleil de plomb, les habitants de la wilaya ont marché hier, 110e vendredi, où, outre des jeunes gens, des femmes et des enfants étaient en nombre.
La marche s’est ébranlée à partir du cours de la Révolution, la plus importante place publique de la ville, avant que la foule ne marque une pause face au théâtre régional Azzedine Medjoubi pour scander les récurrents slogans hostiles au pouvoir. Les manifestants ont également emprunté la rue Amir Abdelkader (ex-Gambetta), où ils ont pu drainer une masse populaire qui s’est greffée à la foule.
Outre la mobilisation qui a marqué ce jour, on a réclamé avec insistance «Un Etat civil pas militaire». Les manifestants n’ont pas omis de rejeter les prochaines législatives sous la houlette du système actuel. Les hostilités du mouvement citoyen ont concerné aussi les généraux où on pouvait entendre : «Les généraux à la poubelle et l’Algérie a eu son indépendance.» Au terme de cette marche, le collectif universitaire NÜR a animé un débat sur le perron de l’Ecole universitaire Pierre et Marie Curie, abordant, entre autres, l’avenir du hirak et de l’Algérie.
A Jijel, la marche a été plus importante que celle de la semaine écoulée. Comme lors des précédentes sorties, l’Etat civil était parmi les principales revendications, avec le cri pour «L’Istiklal !», les «Tahia El Djazaïr !» ou encore la dénonciation de «la maffia askaria !». Les slogans assimilant les services algériens à des terroristes ont été grandement scandés, en dépit de la désapprobation de certains manifestants qui les estiment trop jusqu’au-boutistes, bien qu’à un certain moment «avec l’affaire Nekkiche nous avions compris cette réaction».
Une fois encore, les prochaines législatives ont été rejetées par les marcheurs. «Le pouvoir reviendra au peuple tôt ou tard, c’est inéluctable (…). Le système maffieux avec une façade civile a ruiné le pays (…). Vos scénarios ne peuvent briser l’union de la nouvelle génération en marche», lisait-on sur des écriteaux. On remarquera qu’un septuagénaire, qui arbore chaque semaine un écriteau sur lequel est écrit : «Pour un Etat républicain, ni militaire ni islamiste», a été «réprimandé» par des jeunes qui ne voulaient pas voir cette phrase, mais a fort heureusement été soutenu par des marcheurs plus âgés.
A Guelma, une foule compacte de hirakistes, hommes et femmes de tous âges, ont arpenté quelques artères principales de la ville, dont le boulevard Azzedine Zaïmia où se trouve le siège administratif de la wilaya. Le temps d’un arrêt, aux portes de la wilaya, les slogans ont redoublé d’intensité à l’image de «Doulaa madania machi askaria», ou encore «La lil intikhabet : non au vote». Ainsi, la marche pacifique, bien qu’en présence d’un service d’ordre clairsemé, s’est déroulée sans connaître de dépassements.