Dans la nuit du 1er août 2022, les forces d’occupation ont arrêté le chef du mouvement du Jihad islamique, Bassam Al-Saadi, en Cisjordanie. Cette arrestation a été suivie de l’annonce par le Premier ministre israélien Yair Lapid de mesures de sécurité le long de la ligne séparant les territoires palestiniens occupés et la bande de Gaza, sous prétexte d’anticiper une opération du mouvement du Jihad islamique visant les forces d’occupation en représailles à l’arrestation de Bassam al-Saadi.
L’Égypte est alors intervenue dans la crise et a entamé une médiation entre le gouvernement d’occupation israélien d’une part et le mouvement du Jihad islamique d’autre part, grâce à laquelle elle a pu persuader le Jihad islamique de geler toute action militaire éventuelle de sa part. Au moment où il semblait que la médiation égyptienne avait réussi à éviter un affrontement, les forces d’occupation ont pris pour cible un appartement à Gaza où se trouvait le commandant de la région nord du mouvement du Jihad islamique, Tayseer al-Jabari, ce qui a entraîné sa mort et le martyre de plusieurs de ses compagnons et de plusieurs civils palestiniens.
Cela a conduit à l’échec de la médiation égyptienne et à l’annonce de la détermination du mouvement du Jihad islamique à affronter l’occupation et à prendre pour cible les colonies sionistes jusqu’à Lydda et Jaffa.
Il est apparu clairement que ce sont les dirigeants israéliens qui ont attiré le mouvement du Jihad islamique dans une confrontation qu’ils préparaient depuis un certain temps pour frapper cette résistance palestinienne en ciblant ses dirigeants, ce qui était évident après l’arrestation de Bassam al-Saadi et l’assassinat d’al-Jabari avec l’assassinat du commandant de la région sud du mouvement, Khaled Mansour, et la cible d’un autre commandant de terrain, Ahmed Mudallal. Ce qui a entraîné la mort de son fils Ziyad, qui a survécu.
Le gouvernement d’occupation a ouvertement déclaré qu’il ne visait pas la confrontation avec d’autres mouvements de résistance, et qu’il ne visait que le mouvement du Jihad islamique. Selon ce qui a été rapporté par les médias, la plupart des factions palestiniennes ont refusé d’entrer en confrontation avec les forces d’occupation, à l’exception des Brigades Abu Ali Mustafa, la branche militaire du Front populaire de libération de la Palestine, qui a pris l’initiative de participer à des opérations militaires aux côtés du mouvement du Jihad islamique contre les forces d’occupation.
Mais pourquoi Israël s’en prend-il maintenant au Jihad islamique ?
Le mouvement du Jihad islamique a été lancé dans les années 80, influencé par l’expérience de la révolution islamique iranienne. Cela l’a amené à être la faction palestinienne la plus proche de Téhéran parmi les nombreuses factions palestiniennes.
Bien que l’Iran ait apporté son soutien illimité à toutes les factions de la résistance palestinienne sans discrimination, en particulier au Hamas, l’adhésion de ce dernier aux Frères musulmans l’a mis en porte-à-faux avec Téhéran sur un certain nombre de questions, au premier rang desquelles la question de la guerre en Syrie, où l’Iran a soutenu l’État syrien, tandis que le Hamas a soutenu d’autres factions de l’opposition armée syrienne. Quant aux autres factions palestiniennes, leurs agendas nationaux et idéologiques ne les ont pas rapprochées de l’Iran comme c’est le cas du Jihad islamique.
Au cours de la dernière décennie, loin de la propagande médiatique, le mouvement du Jihad islamique a réussi à développer ses capacités en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, ce qui en fait la deuxième faction en termes de force militaire après le Hamas. Cela a entraîné une augmentation des craintes israéliennes quant à l’existence d’un mouvement comme le Jihad islamique qui n’adhère à aucune restriction dans le conflit avec l’entité sioniste car il n’adhère pas aux influences de l’Égypte, de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Les Émirats (liés aux accords de paix ou à la normalisation avec “Israël”) comme c’est le cas pour le mouvement Fatah, et sa non-conformité à l’influence du Qatar ou de la Turquie, comme c’est le cas pour le Hamas.
Le ciblage israélien du Jihad islamique s’explique, d’une part, par le besoin du Premier ministre israélien Yair Lapid de réaliser un exploit en matière de sécurité qui lui serait profitable lors des prochaines élections israéliennes et, d’autre part, par les craintes israéliennes d’une éventuelle progression dans ce domaine. D’autre part, le cours des négociations occidentales avec l’Iran concernant son programme nucléaire. Par conséquent, les calculs israéliens supposent que le fait de cibler la faction de la résistance palestinienne contribuera à perturber les négociations de Vienne, surtout si cette résistance est proche de l’Iran.
Il convient de noter que le fait de cibler le Jihad islamique pourrait ne pas mettre en colère les pays arabes sensibles à ce qu’ils considèrent comme “l’extension de l’influence de l’Iran” à des zones qu’il considère comme faisant partie de sa sécurité ou de la sphère d’influence égyptienne. Les dirigeants ne voient pas d’un bon œil le renforcement du Jihad islamique, qu’ils ne soutiennent pas dans la bande de Gaza. Par ailleurs, d’autres puissances arabes enthousiastes à l’idée d’une normalisation avec “Israël” pourraient préférer cibler le Jihad islamique, cette faction qui n’adhère pas au plafond du conflit avec l’occupation sioniste et qui a acquis une grande force au cours de la dernière décennie.