Rabat – Les images de centaines de poissons échoués dans l’Oued Nfifikh [vallée de Nfifikh en arabe] situé à Mohammedia sont devenues virales sur les médias sociaux marocains ces derniers jours.
La population locale et la société civile se sont plaintes de la situation sur les médias sociaux et dans des interviews accordées à des organes de presse nationaux et locaux, soulignant que la mauvaise odeur et la pollution ont gâché la beauté du paysage.
Mohamed Sehmi, un activiste local, a déclaré à la chaîne de télévision marocaine 2M que “Mohammedia traverse une situation environnementale sans précédent”, ajoutant que “Oued Nfifikh subit les ravages de la pollution qui est à 90% causée par l’homme.”
Sehmi a associé les autres causes à la canicule et à la sécheresse.
Expliquant les causes du phénomène, Abdelmajid Sahraoui, président de l’Association des professeurs de biologie de Mohammedia, a déclaré à la chaîne de télévision SNRT News que l’estuaire de la vallée était bloqué par du sable, ce qui provoquait une stagnation de l’eau, entraînant une diminution des niveaux d’oxygène dans l’eau et finalement la mort de la vie marine locale.
Sahraoui a appelé le ministère marocain de l’eau et de l’équipement à traiter de toute urgence la question de l’estuaire bloqué en élargissant ces points d’accès reliant la vallée à l’eau de mer.
En outre, le président régional de l’Organisation nationale des droits de l’homme et de la défense des libertés, Driss Oughriss, a noté le 1er août que le “désastre environnemental” observé à Mohammedia remonte à l’augmentation de la pollution dans la région en raison de l’existence de “canaux d’égouts non autorisés” et “d’entrepôts illégaux dans la zone de Bani Ikhlef”.
Oughriss a ajouté que l’Organisation nationale des droits de l’homme et de la défense des libertés a précédemment contacté le ministre de l’équipement de l’eau, les comités nationaux travaillant sur les questions d’eau et d’environnement, ainsi que les autorités locales, les exhortant à prendre des mesures immédiates pour faire face au phénomène. Pourtant, aucune mesure n’a été prise pour régler le problème.
En juin, un rapport cité lors d’une conférence de presse du ministre marocain de la transition énergétique et du développement durable a soulevé des inquiétudes quant au déclin de la qualité de l’eau et du sable à travers le pays.
Le rapport indique que 80 % de la pollution des plages résulte de causes terrestres, 88 % des déchets étant constitués de produits en plastique. Les mégots de cigarettes arrivent en deuxième position des substances polluantes les plus concentrées sur les plages étudiées, suivis par les bâtons de bonbons.
Si le Maroc a interdit la production et l’utilisation de sacs en plastique en 2016, d’autres formes de plastique, comme les emballages, restent très utilisées au Maroc.
Une grande partie des déchets plastiques finit dans les rues, les vallées, les rivières et les plages.
De nombreuses organisations marocaines ont pris des initiatives pour remédier à ce problème en encourageant le recyclage, en transformant les déchets plastiques en d’autres produits et en organisant des campagnes de nettoyage des plages.