Le nouveau projet de constitution en Tunisie continue de susciter la controverse. La Ligue tunisienne des droits de l’homme a appelé mercredi le président du pays, Kais Saied, à retirer le projet de constitution, et à lancer un “véritable dialogue national capable de sortir le pays de l’état actuel”.
Dans une déclaration, la Ligue a souligné que le projet de constitution proposé est incompatible avec sa charte et ses références nationales et internationales, ainsi qu’avec la lutte continue de ses générations pour un État civil garantissant une séparation complète des pouvoirs, une égalité totale des citoyens et le respect des droits.
Elle a souligné que le projet “comporte des erreurs linguistiques et des erreurs de classement (des chapitres de la constitution) qui affectent l’essence du texte juridique qui ouvre la voie aux déviations passées (comme la Tunisie en a connu dans le passé)”, notant que son évaluation rencontre ce que toutes les composantes de la société civile et même les membres de la commission qui Elle a rédigé la version originale soumise au président de la République, qui a qualifié le texte dans le “Al-Ra’id” (Journal officiel) d'”instauration d’un Etat autoritaire”.
Mardi, Saied a appelé les Tunisiens dans un communiqué à voter “oui” au projet de constitution, qui doit être soumis à un référendum populaire le 25 juillet, selon la présidence.
Il a déclaré : “Il n’y a aucune crainte à avoir pour les droits et les libertés si les textes juridiques les placent sous contrôle populaire, que ce soit au sein du Parlement ou du Conseil des régions et des régions.”
D’autre part, des partis et associations tunisiens très en vue appellent au boycott du référendum, tandis que de petits partis le soutiennent, tandis que l’Union générale tunisienne du travail (le plus grand syndicat) a laissé à ses membres la liberté de décider.
Le nouveau projet de constitution comprend 142 articles accordant de larges pouvoirs au président de la République, contrairement à la constitution de 2014 qui prévoyait un système quasi-parlementaire.
Le référendum s’inscrit dans le cadre des mesures exceptionnelles que Saied a commencé à imposer le 25 juillet 2021, et qui comprenaient également le limogeage du gouvernement, la nomination d’autres personnes, la dissolution du Parlement et du Conseil judiciaire, la promulgation de lois par décrets présidentiels et l’anticipation des élections parlementaires au 17 décembre.
Cependant, ces mesures sont considérées par les forces tunisiennes comme un “coup d’État contre la constitution”, tandis que d’autres forces y voient une “correction du cours de la révolution de 2011” qui a renversé le président de l’époque, Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).
Quant à Saied, il considère ses actions comme des “mesures dans le cadre de la constitution pour protéger l’État d’un danger imminent”, soulignant que “les droits et libertés ne doivent pas être violés.”