En Libye, les gens sont enfermés dans des cellules si surpeuplées qu’ils doivent se relayer pour dormir, à l’heure où le monde parle de la Journée internationale des migrants. Mais les mots creux n’atteindront pas les hommes, les femmes et les enfants qui ont été enlevés par les milices libyennes au nom du “Département des migrations” et qui risquent d’être extorqués, torturés ou vendus comme esclaves.
En cette Journée internationale des migrants, comme chaque jour, nous mettons nos paroles en accord avec nos actions. C’est pourquoi nous faisons pression pour que l’Europe cesse de soutenir le système d’exploitation des immigrants en Libye. Nous savons que tout le monde ne sera pas coordonné cette semaine. L’année dernière, la Commission européenne a publié une déclaration disant : “À l’occasion de la Journée mondiale des migrants, l’Union européenne réitère son ferme engagement à protéger la dignité et les droits humains de tous les migrants.”
Mais voici un petit rappel du bilan de l’UE en matière de protection des migrants en Libye :
Soutien renouvelé à la Libye en tant que partenaire de l’UE dans la gestion des migrations : Malgré des années de preuves d’asservissement et de torture des migrants dans les centres de détention libyens, le protocole d’accord de 2017 signé par l’Italie et la Libye, avec le soutien de l’UE, a été prolongé sans modification en 2020.
Le financement du système migratoire d’exploitation de la Libye : Près d’un demi-milliard de dollars du Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique de l’Union européenne a été alloué aux efforts de la Libye pour gérer les migrations nuisibles.
Renforcer les garde-côtes libyens : L’Union européenne a fourni aux garde-côtes libyens des bateaux, des voitures, des radios, des uniformes, des formations et bien plus encore. Ils ont renforcé leur capacité à faire en sorte qu’un maximum de personnes soient retenues, tout en connaissant le sort qui attend les détenus.
Extension de la juridiction des garde-côtes libyens : en 2018, l’Italie, avec le soutien de l’Union européenne, a aidé la Libye à obtenir l’autorisation d’étendre la juridiction des garde-côtes libyens à près de cent miles au large de ses côtes, augmentant ainsi leurs chances d’arrêter les personnes fuyant le pays.
Criminalisation des sauvetages effectués par les ONG : l’Italie et d’autres États de l’UE ont diffamé les ONG, les accusant de “collusion avec les passeurs”, criminalisant ainsi leurs efforts pour sauver des personnes en Méditerranée et les ramener en lieu sûr.
Il est temps de faire pression sur l’Union européenne. Pour qu’elle cesse de faciliter l’esclavage moderne en Libye. Il existe une réelle opportunité de faire la différence si nous travaillons tous ensemble et rapidement. La Libye est à quelques jours des élections présidentielles. Une fuite d’un document de la Commission européenne a confirmé que l’Union européenne tiendra des négociations avec la Libye sur la gestion des migrations après les élections.
Le moment est venu de le dire très clairement à l’Union européenne. Nous ne tolérerons plus cette hypocrisie.